Depuis presque vingt ans, Emmanuel Mouret poursuit, plutôt bon an que mal an, son petit bonhomme de chemin cinématographique dont le dénominateur commun est Marivaux. Et de cette mécanique complexe des jeux de l’amour et du hasard, Mouret ne déroge pas. Cela marque l’empreinte d’un auteur, mais peut s’avérer fatigant car la forme comme le fond évoluent peu d’un film à l’autre (exception faite de « Une autre vie »). Les mêmes ingrédients donc et un même acteur (Mouret égal à lui-même, très comédien amateur), seules les actrices viennent apporter un peu de fraicheur à ces scènes de genre surannées. Ou pas. Dans « Caprice », on ne va pas s’extasier devant la prestation de Virginie Efira, toutefois elle apporte une tonalité sincère à son rôle. La plus grosse déconvenue du film vient de celle qui incarne le rôle titre de Caprice, Anaïs Demoustier. On pressentait déjà dans « Une nouvelle amie » tout le capital d’antipathie qu’elle dégageait, qui s’est confirmé avec « A trois on y va » et qui explose au grand jour ici. Dans le genre péronnelle disgracieuse et vulgaire elle s’impose avec un jeu linéaire, sans jamais avoir l’air de trop y croire, mais certaine de pouvoir se placer. Dans la carte du tendre des héroïnes de Marivaux, elle serait parfaite dans le rôle de la commère. Détenant un rôle clé, le film est quelque peu assombri par sa prestation, de même par quelques scènes vraiment ratées (le supplice du plâtre, la relation Alicia/Thomas…). Toutefois, le charme opère, parfois, surtout quand Mouret filme le bel amour (les échanges de regards et la connivence entre Alicia et Emmanuel sont attendrissants entre autre) et certaines répliques ou situations sont subtilement drôles. « Caprice » reste une œuvre trop inégale, comme souvent chez Mouret, qui oublie, pour paraphraser Marivaux , que dans le monde du cinéma, un film doit être trop bon pour l’être assez…