Deux ans après la réussite artistique et critique de Captain America : le Soldat de l' Hiver les frères Joe et Anthony Russo(et leurs scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely ) reviennent mais les enjeux sont encore plus importants. Non seulement car ils reprennent certaines thématiques d'un des plus grands crossover Marvel et font s'affronter les deux héros les plus populaires du MCU. Mais ils leur faut prouver que cette réussite n'était pas fortuite car la réponse à cette question conditionne l'avenir de l'univers cinématographique Marvel le studio leur ayant confié la mise en oeuvre des deux films Avengers : Infinity War qui en marquent l'aboutissement.
Le film s'ouvre sur une mission des nouveaux avengers introduits a la fin d'Avengers : L'ère d'Ultron sur les traces du vilain Crossbones (Frank Grillo) qui dérape quand l’inexpérience d'un des nouveaux membres de l'équipe va provoquer des pertes civiles. Cette erreur pousse le gouvernement par la voix du général Ross (William Hurt qui reprend son rôle de The Incredible Hulk) devenu secretary of state d'exiger que l'équipe passe sous le contrôle des Nations Unies provoquant un schisme au sein de l'équipe : Steve Rogers (Chris Evans) s'y opposant car il ne veut pas que l'équipe se trouve prisonnière des intérêts de politiciens et Tony Stark (Robert Downey Jr.) qui pense que les Avengers doivent accepter ce contrôle avant que des réglés encore plus strictes leur soient imposées. Mais quand Bucky le Winter Soldier refait surface accusé du meurtre d'un dignitaire africain, Captain America tente de sauver son ami et c'est alors à Iron Man que revient la tache d’arrêter son compagnon d'armes désormais fugitif...
Civil War fonctionne tout à la fois comme une suite directe de Captain America : the Winter Soldier, le rôle de Bucky y est même encore plus central que dans le film qui porte son nom et d'Avengers : L'ère d'Ultron dont il développe les nouveaux personnages comme Scarlett Witch (Elizabeth Olsen) aux prises avec ses pouvoirs et la Vision (Paul Bettany) qui découvre son humanité et utilise cette fois de façon explicite ses pouvoirs d’altération de sa densité. Les Russos laissent même entrevoir une relation entre les deux proches de celles qu'ils ont dans les comics.
L'intelligence du script de Christopher Markus et Stephen McFeely est d'ancrer le film dans une réalité tangible, ici pas de dieu Asgardien , de robots tueurs ou de menaces cosmiques, ils prennent pour modèle le film de fugitif comme Winter Soldier utilisait celui du thriller paranoïaque. Malgré une douzaine de super-héros et de nombreux personnages secondaires le film n'est jamais pesant, les Russos lui injecte un rythme constant et le concluent sur le final le plus satisfaisant pour un film Marvel depuis le premier Avengers mais ici pas de bataille aériennes et d'engins de destruction mais un conflit moral et affectif entre les deux icônes.
Un des reproches fait régulièrement aux films de super-héros modernes est de forcer l'introduction de nouveaux personnages et concepts pour servir les contraintes de leur "univers partagé" plus que le film lui-même. Les Russos ici parviennent à introduire à la fois Black Panther (Chadwick Boseman) et une nouvelle version de Spider-Man (Tom Holland) de manière fluide sans faire dérailler l'intrigue principale en accord avec les thématiques du film.
Black Panther à la fois super-héros et roi d'une contrée technologiquement avancée est un personnage délicat à adapter, Chadwick Boseman lui rend justice l'incarnant de maniéré charismatique faisant transparaître toute l'intelligence et la sagesse malgré son jeune âge du roi du Wakanda. Et tout en étant , pardon my french, incroyablement badass.
Il est trop tôt pour dire si Tom Holland sera le meilleur Spider-man de l'écran mais il fait en tout cas des débuts fracassants dans le film, son rapport avec le personnage de Stark est parfait la scène étant d'autant plus drôle qu'elle se moque des remarques de la encore très jeune et très belle Marisa Tomei dans le rôle de tante May.
Les conflits du film sont certes idéologiques mais il enchaîne les scènes d’action à haute intensité ou les Russos comme pour le précédent disposent d’un sérieux atout dans leur manche avec le directeur de seconde équipe Spiro Razatos. Ce dernier a débuté sa carrière de coordinateur de scènes d’action sur des séries B dans les années 90 (Maniac Cop 1 & 2) ou, malgré des budgets étriqués, il livrait des scènes incroyables,.Oeuvrant désormais sur des superproductions (les Fast and Furious depuis le 5) il n’a pas son pareil pour rendre particulièrement brutales des scènes d’action dans un film qui reste « tout public ». Pour renforcer encore le film dans ce domaine ils ont aussi fait appel au duo de réalisateurs de John Wick (et ancien coordinateur d'action) David Leitch et Chad Stahelski pour les assister.
Le clou du film, sa séquence centrale sur le tarmac de l'aéroport de Berlin constitue l'une des scènes d'affrontements super-héroïques les plus fantastiques jamais portées à l'écran. S'ouvrant par l'adaptation littérale d'une double splash-page pour se poursuivre durant 17 minutes éblouissantes d'invention ou les membres de chaque équipe déploient toute l'étendue de leurs pouvoirs pour se neutraliser. La force de cette bataille n'est pas que visuelle les Russos utilisant autant les pouvoirs des combattants que leurs personnalités au cours du combat.
Un des grands plaisir du film est de retrouver un Robert Downey Jr. de nouveau investi dans son rôle signature aidé par une écriture qui offre à Tony une vraie arche narrative.
Son introduction dans le film très émouvante (utilisant la technologie de rajeunissement digitale vu dans Ant-man) nous présente le "futuriste" dans une période de crise personnelle. Une rencontre va réveiller sa culpabilité et le pousser a se faire l'avocat des accords gouvernementaux. Le film évite de faire d'Iron Man un méchant , les scénaristes ont compris que la culpabilité a toujours été le moteur des actions du personnage qui tente perpétuellement de réparer ses erreurs passées: sa relation avec son père, son passé de marchand d'armes, ses relations avec les femmes et son rôle dans la création d' Ultron. C'est tout le poids de son évolution sur l'ensemble des films du studio qui le conduisent a faire les choix qu'il fait dans le film. Même dans le différent éthique qui l'oppose à Steve il tente de maintenir leur relation jusqu'à ce que les machinations du méchant rendent inévitable son affrontement avec la sentinelle étoilée. Affrontement d'autant plus cruel et violent , un des combats les plus brutaux des films du MCU, qu'il oppose deux frères d'armes qu'on a vu si unis par le passé.
Au passage Daniel Bruhl compose un méchant assez différents des autres vilain du MCU un individu déterminé dont on comprend les motivations. Tous les comédiens sont formidables et ont tous l'occasion de briller (Anthony Mackie et Paul Rudd sont excellents) ce sont vraiment les touches subtiles pour chaque personnage même mineurs et leurs interactions qui donnent au-delà du spectacle sa texture à Civil War.
Conclusion : Captain America : Civil War un des meilleurs films Marvel Studios à ce jour offre un spectacle qui capitalise sur la dynamique et la continuité des 12 films précédents pour développer une intrigue à taille humaine reposant sur des personnages forts et leurs interactions. Un triomphe !