Captain America - First Avenger par Ninesisters
Ce film incarne tout ce qu'un film Captain America se devait d'être : à la fois grande aventure pleine d'action, analyse du symbole derrière le personnage, fine retranscription de l'époque, et dans le fond hommage à l'Âge d'Or du comics, dans lequel les méchants nazis échafaudent des plans machiavéliques dans leur base secrète en écoutant Der Ring des Nibelungen. Il possède ce qu'il faut de clichés et de patriotisme, tout en gardant un recul salutaire.
Le réalisateur Joe Johnson avait déjà Rocketeer dans son CV – autre adaptation de comics prenant comme toile de fond les années 40 – et le parallèle entre les deux est évident. Que ce soit pour la reconstruction de l'ambiance de cette période ou la mise en scène de méchants nazi, il s'y connait – ce n'est certainement pas un hasard s'il a hérité de ce projet en particulier – et il se permet même de faire allusion aux Aventuriers de l'Arche Perdue ou de redonner vie à une séquence mythique du Retour du Jedi.
En parlant de référence, justement, cette adaptation propose sa propre vision de l'histoire du personnage, donc il y aura forcément des détails qui diffèreront à la fois des histoires premières de l'Âge d'Or, de la continuité telle qu'elle a été réécrite par Marvel dans les années 60, et de la version Ultimate. Néanmoins, en tant que lecteur, j'ai très peu de choses à redire ; et ça, vous pouvez me croire, c'est rare. A la rigueur, en me montrant mauvaise langue, je pourrais regretter l'absence d'un parapluie (comprenne qui pourra) ou d'un Hugh Jackman, et le choix de prendre un père plutôt que son fils même si cela correspond effectivement au contenu de la série Ultimates.
Ce qui est plaisant avec ce film, c'est que le spectateur qui ne connait rien du personnage pourra l'apprécier autant que le lecteur, lequel aura pour lui de très nombreux petits détails que lui seul saisira sans que cela ne gêne un autre spectateur, qui ne remarquera pas les détails en question. Une tête qui semble grossie par une loupe, un écossais au chapeau melon, cela n'a l'air de rien, mais les amateurs apprécieront, d'autant plus que – comme pour les deux premiers volets de X-Men – cela dénote d'un certain soucis du détail, donc d'une implication particulière de l'équipe créatrice.
Au-delà de son adaptation, Captain America est un excellent long-métrage, à la fois réfléchi, et riche en ce que les spectateurs viennent chercher dans ce genre de production avec des super-héros : de l'action. Et comme nous parlons de Captain America, nous avons en prime de la guerre et des nazis, que demander de plus ? Cela suffit amplement pour en faire un grand divertissement.