Effaçant le souvenir de 2 pitoyables adaptations en téléfilms dans les années 70, Marvel Studios continue de tramer son futur film Avengers avec ce film présentant le "premier Vengeur".
Le film fait le choix de replacer son héros dans son contexte de naissance, l'entrée en guerre des Etats-Unis, mais avec les touches fantastiques attendues dans le film de super-héros.
Il plane sur ce film une délicieuse ambiance rétrofuturiste : l'ambiance des années 1940 est fidélement reproduite, mais avec quelques entorses à l'Histoire (comme dans le film Rockeeter réalisé par le même réalisateur, Joe Johnston). Aussi, il ne faudra pas s'étonner de la présence d'une femme à un haut niveau de commandement dans l'armée, des armes laser et un ennemi encore plus redoutable qu'Hitler (au point que Captain America ne combat pas les Nazis mais une division parallèle qui prend son autonomie).
Le film évite de tomber dans les clichés habituels du "film de super-héros" (Green Lantern, je te vois) en évacuant la balourde séquence de maîtrise des pouvoirs (Steve Rogers n'est qu'un homme, certes au maximum de ses potentialités), les doutes (bien sûr le héros a ses moments d'abattement mais il ne pleurniche pas) ou la potiche de service (il y a bien un intérêt amoureux, mais qui ne se contente pas d'attendre le héros en soupirant et en se faisant enlever par le méchant). Les scènes d'action sont lisibles et fabuleuses (la retranscription des combats d'un homme plus fort que la notmale est crédible, l'utilisation du bouclier formidable), les effets spéciaux et décors discrets et de bon goût (même si les sbires de l'Hydra ressemblent un peu trop aux sbires de Cobra dans GI Joe). Le discours patriotique est tourné en ridicule (avec un Captain America au costume pourri entouré de nanas sexys sur fond de chanson pouet pouet afin de vendre des bons du trésor) pour se recentrer sur le fait que Captain America est un héros de guerre avant d'être un super-héros, qui a besoin de ses collègues "normaux" pour mener à bien sa mission.
On passe un très bon moment, avec ce film qui renoue avec un certain esprit du divertissement, avec ses personnages badass (sans tomber dans la caricature), ses explosions, son méchant à l'accent allemand dans sa base secrète, tout en évitant l'humour à 2 balles, les vannes à 10 centimes et les sous-entendus graveleux. Le casting est très bon, notamment en ce qui concerne le rôle titre (Chris Evans a quand même joué Johnny Storm dans les 2 nanars consacrés aux 4 Fantastiques).
Marvel tient là son meilleur film (un peu devant Iron Man premier du nom) et montre que tenir les rènes de son propre univers au cinéma assure le respect le plus total au matériau de départ.