Assassin's Creed III fut, avec le recul, un épisode bien décevant. Nouvel épisode numéroté après 3 épisodes consacrés à Ezio, déplacement de la saga dans le Nouveau Monde, mode Course Libre permettant (a priori) un gameplay plus souple le jeu s'est surtout fait remarquer par des bugs parfois très gênants. En dépit de quelques nouvelles trouvailles fort sympathiques (la Frontière, les batailles navales), le gameplay de la saga s'est révélé fort éculé.
C'est avec une certaine surprise qu'Ubisoft, semblant déjà tourner la page Connor, présente dès le début de l'année 2013 un nouvel épisode numéroté, qui plus est retournant en arrière dans le temps, puisqu'on incarne le grand père de Connor, Edward Kenway. La promotion met en avant les nouveautés introduites par le III, avec une place plus accrue des batailles navales. En effet, Edward est un pirate, oeuvrant dans les Caraïbes en plein âge d'or de la piraterie, au début du XVIIIème siècle.
Après la fin de la saga de Desmond, l'histoire repart sur de nouvelles bases. Assez insolites au départ : Edward devient Assassin complètement par hasard, et s'il porte leur costume et possède les capacités physiques des membres du groupe, n'embrasse pas du tout leur philosophie. De même, il se tient à l'écart de leur lutte éternelle contre les Templiers. Pour savoir s'il prend partie dans ce combat, il vous faudra suivre une histoire sympathique mais beaucoup plus elliptique que dans les épisodes précédents. De même, les passages dans le présent se déroulent en vue subjective, avec un protagoniste muet et sans aucun background. Ces passages, qui se passent à Abstergo, sont une mise en abyme particulièrement audacieuse d'Ubisoft sur Ubisoft : ainsi, on peut voir des notes et des vidéos mettant en avant le caractère "commercial" de la piraterie, le fait qu'il s'agisse, après Liberation, d'un jeu (dans le jeu donc) mettant à profit commercialement le système de l'Animus. Le siège d'Abstergo est par ailleurs une copie conforme de celui d'Ubisoft Montreal. Une autoparodie aussi inattendue que cynique, de la part d'un studio qui a livré 6 épisodes de la série (sans compter les spin-off et les produits dérivés) depuis 2007 !
Au niveau de la réalisation, c'est toujours le même moteur graphique, qui accuse définitivement le coup, malgré quelques bons moments (la mer, les îles chatoyantes). Le gameplay des missions principales est définitivement à modifier. J'en ai assez des sempiternelles séquences d'espionnage / filature / assassinat en villes. Percevant peut-être les limites désormais avérées de ce gameplay traditionnel (voire conservateur et immobiliste), Ubisoft a mis le paquet sur le contenu annexe, vertigineux. Le monde est devenu un immense bac à sable, ou plutôt à eau : batailles navales accessibles à tout instant contre les nombreux bateaux qui sillonnent les mers, exploration des îles et des fonds sous-marins, chasse et pêche à la baleine. Autant dire que si vous avez adoré les phases navales très limitées dans le III, vous allez être aux anges !
Faut-il considérer Assassin's Creed IV comme un bon épisode de la série ? Paradoxalement, le jeu marque définitivement l'essoufflement de la série, mais est un des meilleurs jeux existants sur l'univers de la piraterie. A l'instar d'Edward, on se sent pirate dans l'âme tout en se contrefichant du credo de l'assassin. Si vous êtes fan de la série, vous serez sans doute décontenancés par l'orientation très monde ouvert du titre, si vous n'avez jamais aimé la série, cet épisode ne vous fera sans doute pas changer d'avis. Le gameplay et la mythologie de la saga sont devenus des artefacts presque rébarbatifs d'une série qui n'a plus vraiment évolué depuis le magistral 2ème épisode. J'ai cru comprendre que le jeu se vend mal, peut-être l'occasion de remettre enfin le gameplay et le moteur graphique à plat sur la nouvelle génération ... dans 1 ou 2 ans ?