Le rythme est élevé pour les productions Marvel : deux, voir trois films par an depuis 2000
Difficile d’appliquer une ligne directrice à chaque long métrage… La réalisation passe de main en main, les scripts sont plus ou moins aboutis, l’honnêteté des films est plus ou moins palpable.
The Avengers, de Joss Whedon, est d’ailleurs le mélange réussi entre audaces formelles recherchées par le studio et attentes des publics, Geek et Masse.

Captain America, est un cas à part. Pour nous, français, qui haïssons par nature les références nationalistes appuyées dans les productions américaines, ce personnage était mal aimé, à la base.
CAPTAIN. A-ME-RI-CA.
Pourtant, le premier film, s’il est totalement raté coté divertissement, proposait un scénario qui déconstruisait le mythe avant toute super-héroïsation. Captain América, l’homme derrière le héros, y était décrit comme un pur produit commercial, sans personnalité, fondé sur l’épate, le superficiel, plus destiné à financer un conflit qu’a y participer.
Un point de vue plus qu’intéressant pour un studio qui dernièrement, à tendance à considérer ses films précisément de cette manière, en tant que produit dérivés d’eux mêmes – le mastodonte Avengers, et les sous films/bandes annonces/faire valoir – comme Captain America par exemple.

Le Soldat de l’Hiver, lui, reprend ses droits de divertissement efficace et sans conséquences, ce qui fait du film l’antithèse du personnage décrit dans l’épisode précédent.
Je suggère, même si Le Soldat de l’Hiver me semble supérieur, de considérer les deux films comme une entité cinématographiquement cohérente et de ne pas négliger l’un en faveur de l’autre.

Quoiqu’il en soit, la franchise Captain America souffre obligatoirement de la comparaison avec ses 45 confrères contemporains :

Pas assez second degré, façon Avengers,
pas assez "scénaristiquement poussé", sombre et réaliste, style Dark Knight
pas assez fun, humain, à la Spiderman (Raimi, Webb)
Pas assez fantastique, charismatique, genre Thor ou Superman
Etc.

Les personnages sont les plus touchés par ces problèmes d’insuffisance… Gentils, ou méchants, tous apparaissent dans un manichéisme plus ou moins prononcé.
Captain America ainsi que ses collègues, n’ont volontairement aucune psychologie ou névroses qui pourraient les rendre plus humains/attachants, moins indestructibles/infaillibles.
Ils ne sont que des coquilles vides, uniquement là pour représenter une émotion : Veuve Noire : sensualité, Faucon : humour (très daté/raté) Captain : droiture, détermination, héroïsme.
Evidemment, difficile de susciter l’attachement pour des personnages autant caractérisés… Surtout lorsque l’interprétation n’apporte aucune nuance.

Idem coté méchants, aucune vraie opposition !
Même le fameux soldat de l’hiver n’est qu’une baudruche, qui perd tout son charisme dès lors qu’on tente de lui donner de la profondeur – le moment ou il perd son masque. Les autres bad guys sont au mieux désincarnés, au pire, fades et ridicules (le Terrorisme Français, lol).
Le seul personnage à réussir à faire ressortir de la nuance est celui interprété avec classe par Robert Redford. Un personnage trouble pendant une bonne partie du film, qui maintient un peu l’intérêt scénaristique.
Les ressorts et rebondissements de l’histoire - ne faire confiance à personne, un parallèle d’actualité : S.H.I.E.L.D. – N.S.A., l’ennemi vient de l’intérieur.., forment un scénario qui, s’il semble avoir été suffisamment peaufiné pour éviter que le spectateur se sente infantilisé, parait inutilement complexe tant finalement les seuls traits mémorables du film restent rattachés au domaine du superficiel.

Donc, arrivés à 1h30 de film, lorsque le porte avion-avion commence à exploser et que Captain, Faucon et Veuve Noire sont sur le point de perdre face aux magouilles vicieuses de méchants bien décidés à foutre la merde…
R A B ——— Rien A Battre.
Tout ce qu’on attend, c’est que ça virevolte, que ça explose, que ça se la raconte et que ça redevienne bourrin.

Est-ce que ça justifie un 7/10? Grave.

Captain AMerica Winter Soldier 51

Ce n’est pas juste une histoire de quantité d’explosions, à la Michael Bay, mais une question d’équilibre entre attitudes tape à l’œil, efficacité rythmique et mise en scène ultra dynamique.
Ce feeling très 90′s, très actionner urbain, très McTiernan, qui privilégie le rentre-dedans aux sentiments, l’apparence à la profondeur et sans doute complètement machiste.
Cet esprit old school qui parvient à transformer des films considérés comme moyens, style Fast 5, les Liam Neeson (Taken, The Grey, Non Stop) ou Crank, en chefs d’oeuvre, dans leur genre.

Sans en arriver la, car les réalisateurs manquent beaucoup trop de personnalité,
Captain America : Le Soldat de l’Hiver reste un vrai moment de Cinéma.

Parsemé de quelques scènes explicatives mais nécessaires, on assiste à un festival de tatannes bien bourrines, des séquences bien vide-cerveau, ou seul le plaisir du spectateur compte :
L’intro, entre poses héroïques (ou sexy), rapidité d’exécution et mise à terres bien bourrines.
Les différentes scènes intercalaires, ou Captain règle leur compte de diverses manières à divers bad guys, courtes mais intenses
Les poursuites sur route - Nick Fury VS milice, moto VS hélico, Captain VS Soldat Hivernal, toutes les 3 très spectaculaires.
Il n’y à finalement que la scène finale qui se place un ton en dessous, pour les raisons précédemment évoquées. Mais entre le début du film et cette scène, pas de temps morts, aucune subtilité, pas d’ennui… Juste le rythme et l’efficacité qu’il faut :
assez pour provoquer ce plaisir coupable, mais insuffisant pour créer un souvenir mémorable.
Georgelechameau
7
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le 2 avr. 2014

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Georgelechameau

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