Ce qu'il y a de bien quand on est éloigné des réseaux sociaux, c'est qu'on est particulièrement loin de tous ces haters qui ne pensent qu'à une chose, jouer au critique non conventionné... ah non je n'y ai pas joué aussi, donc je ne peux pas continuer dans ce registre. Bref, on a loué le fait que Marvel nous envoie donc sur grand écran sa première super-héroïne, et pas un petit calibre (j'avais toujours pensé que l'on verrait arriver la Veuve Noire, mais Atomic Blonde est passée avant). Certes, l'exercice avait déjà été mené avec bon nombre d'entre elles, chez DC ou Marvel (Supergirl, Catwoman, Elektra), mais on ne peut pas dire que l'essai ait pu être transformé si tant est qu'il pût y avoir un essai. Le fiasco! Wonder Woman a bien redressé la barre, mais de manière correcte, sans plus, pour ce qui me concerne. Il y avait encore du chemin. Et il y en aura encore, car ce Captain Marvel, bien qu'ayant beaucoup de qualités, n'en demeure pas moins un blockbuster Marvel avec sa recette maintes fois éprouvée, mais tout de même agréable.
Mais on pourra noter néanmoins qu'elle a changé un peu de saveur à bien des égards.
A commencer par son origin story.
Ah mais avant, tout comme le générique tout en retenue et sobriété, je dois rendre un bel hommage à Stan the Man. Merci Stan pour tous ces moments de rêve et pour m'avoir fait entrer dans ce monde depuis mon enfance.
Reprenons.
L'origin story, on connait, Marvel maîtrise l'exercice. Là, on revisite le plat, et plutôt que de faire une origine toute en linéarité, le personnage se (re)construit au fur et à mesure à cause de son amnésie et le spectateur découvre les choses en même temps que l'héroïne, entre autre sous forme de flashbacks. Ca a le mérite tout de même d'être souligné, et ça permet aussi de mettre en place les différents enjeux pour la guerre Krees/Skrulls.
Forcément, comparer Captain Marvel à Wonder Woman est quasi inévitable, et là où j'ai trouvé que Wonder Woman a perdu un peu pied à cause de son rapport à l'amour, à se découvrir une romance et donc guidée par un homme dans ce nouveau monde qu'elle découvre toute innocente, Carol Danvers se retrouve à l'aise dans ce "nouveau" monde à l'époque des 90's, et même si sa mémoire part en vrac, elle n'hésite pas à affronter tout ce qui peut se mettre en travers de ce qu'elle veut accomplir, et constituera avec Fury une bromance fort sympathique. Et là, c'est vraiment un plus.
Cependant, force est de constater que ce placement temporel n'apporte pas grand chose à l'intrigue, et que cela devient plus prétexte à placer une bande son, placer un easter egg ou deux, ou exploser la tronche de Schwarzie dans un video club, qu'autre chose. Etait-ce réellement utile de remonter si loin?
Carol Danvers incarne à merveille un personnage avec une grande détermination tant au niveau physique que mentale. Et nul besoin d'avoir la mâchoire crispée ou les sourcils froncés pour être badass. Ca change aussi.
Le début du film reprend les principes de Secret Invasion (encore une chouette idée très mal exploitée au niveau des comics, comme beaucoup de crossovers, lisez les tie-ins), à savoir que l'on nous présente les Skrulls comme étant les maîtres de l'infiltration pour pouvoir dominer le monde. Mais tel n'est pas le propos du film et cette entrée en matière nous prépare à divers rebondissements (certes prévisibles).
Le personnage est plutôt bien développé, ce qui en limite d'autant les scènes d'action, ce qui n'est parfois pas plus mal car certaines sont assez fouillies, la faute à une caméra souvent mal placée, on se croirait dans un jeu PS1, tout en restant dans un schéma assez classique. Ce manque d'action pourra donc en froisser quelques-uns, mais cependant, je ne me suis pas ennuyé pendant ces deux heures. Et pour une fois, l'humour était relativement discret. Malgré tout, on pourrait reprocher un petit manque d'introspection pour cette femme qui a eu comme une vie double.
Les scénaristes nous ont évité les scènes classiques du bon qui meurt sous une balle perdue ou la scène de sacrifice et je les en remercie (j'ai eu peur un moment).
Au niveau de la distribution, j'ai trouvé que tout le monde s'en sortait vraiment bien, et même le chat.
L'introduction de la famille Rambeau est-elle juste un clin d'oeil ou Photon fera-t-elle partie de futurs Avengers? That is the question.
En conclusion, Captain Marvel reste un film très agréable à regarder, très lumineux, avec un personnage qui monte bien en puissance, qui se libère au final de toutes ses entraves, et qui augure d'un bel affrontement pour le grand final. Mais j'espère, et je pense d'ailleurs, que cela ne sera pas que ça, pour ne pas tomber dans l'écueil de la Justice League, où Superman fait tout le boulot en deus ex machina les mains dans le dos et les sourcils froncés...
- une contrepèterie s'est glissée dans le titre, sauras-tu la retrouver ami lecteur?
** Pour ceux que ça pourrait intéresser, Xavier Fournier fait bien mieux que moi une explication de texte sur les Skrulls et que ceux qu'on voit à l'écran ne sont pas bien différents de ceux des comics. https://www.comicbox.com/index.php/articles/oldies-but-goodies-les-skrulls-une-explication/