Alors comme ça, Captain Marvel serait le pire Marvel ever ? La preuve ultime de la péremption de la formule du film de super ? Un Mary Sue movie ?
Ah ah ah ! Je ris...
Car il faudrait voir à se montrer un poil mesuré dans ses propos et cohérent parfois, sur ce site ou ailleurs. Surtout quand on affirme day one que c'est chiant, que c'est mal écrit, que c'est toujours la même chose, que c'est rempli de CGI dégueulasses... Comme tous les Marvel en somme (raccourci, me voilà).
Tout comme affirmer de manière péremptoire que Wonder Woman ferait la même chose en mieux et en moins lourdingue ?
Non pas que je veuille défendre à tout crin ce Captain Marvel, qui souffre à l'évidence d'une réalisation passe-partout et de certains aléas rythmiques. Mais il y a quand même pas mal de choses à sauver dans cette entreprise, voire à louer. Et tant pis si mon mauvais goût s'affiche une fois encore : je crois que j'en ai l'habitude aujourd'hui.
Oui, il s'agit encore d'une origin story. Mais vous en connaissez beaucoup, des Marvel qui déstructurent le schéma habituel de la progression de son personnage ? Vous en connaissez beaucoup, des Marvel qui braconnent (légèrement) du côté de La Mémoire dans la Peau et de L'Etoffe des Héros ? Vous en connaissez beaucoup, des Marvels qui retiennent leur full CGI plutôt joli jusque dans un climax entre dog fight fugace et invasion extra-terrestre fugitive ?
Car oui, Captain Marvel pourra en décevoir certains en ce qu'il n'est pas le festival d'action cosmique qu'il aurait pu être, le space opera fantasmé, façon Les Gardiens de la Galaxie. Captain Marvel laisse longtemps en effet, son action en sourdine, le temps de développer un film en forme de pseudo buddy movie et d'infiltration, histoire d'illustrer les talents métamorphes des Skrulls, aliens qui pourraient faire passer mémé pour une championne olympique de kung fu.
Bonjour la discrétion, oui, mais une telle intrigue permet aussi, en parallèle, de dire que les méchants ne sont pas toujours les plus évidents, et de nuancer leurs plus sombres reflets en les présentant avant tout comme un peuple victime.
Tandis que Carole Danvers est dessinée comme une héroïne impulsive, faillible et prisonnière d'un système qui lui dicte tant ce qui anime son coeur que sa fonction première au sein de l'empire Kree. Un personnage vierge en quête d'identité. Dans un message asséné avec beaucoup moins de lourdeurs et de maladresses que chez la Distinguée Concurrence, qui livrait une super héroïne parfois ridicule qui ne s'accomplissait qu'inféodé au mâle régnant sur son coeur.
Captain Marvel, ici, se montre bien moins balourd puisqu'il passe avant tout, dans son discours, par le rêve et la niaque nécessaire pour s'accomplir, tandis que le personnage ne prend conscience de sa véritable nature que par l'introspection et non dans l'action la plus bêta.
Action en berne, inspiration autre irriguant une intrigue un peu éculée, arrière plan 90's plutôt sympa grâce à une BO plaisante, Captain Marvel, s'il ne sera jamais un renouvellement complet de la formule Marvel, travaille celle-ci sous un angle parfois original et plutôt bien vu, évitant par ailleurs de verser dans la bêtise afin de porter haut l'étendard d'un féminisme devenu ultra tendance quand il s'agit d'en parler pour faire du pognon.
Reste juste peut être le principal défaut du film, quand on s'aventure à expliquer comment l'ami Nick Fury, rajeuni avec un réalisme la plupart du temps bluffant, a perdu son oeil, détruisant au passage toute son aura et le côté bad ass du personnage, tellement la situation pourra sentir la lose aux yeux des puristes.
Pour le reste, Captain Marvel assure plutôt bien le job, et plus encore puisque la ravissante Brie Larson, dans un costume superbe, qui lui va comme un gant, l'incarne, comme une évidence. Au point que Behind ne serait pas contre en reprendre une petite part.
Lui qui, d'habitude, a horreur du fromage...
Behind_the_Mask, oh ! Combien de bourrins, combien de Captain...