Un an après l'énorme Infinity War, ayant définitivement prouvé que Marvel parvenait à mêler super-héroïsme et noirceur sacrificielle, Captain Marvel s'inscrit logiquement dans cette continuité, faisant le lien entre une décennie passée bien remplie et une nouvelle phase à venir. Un statut tout de même difficile à assumer tant le dernier opus des Avengers a su marquer positivement les esprits pour appuyer plus encore l'attente des nouvelles productions Marvel, notamment dans la quête de nouvelles réponses aux questions laissées par ce dernier. Captain Marvel se doit donc de trouver un équilibre dans tout ce joyeux bazar, d'autant qu'il met en avant un super-héros encore jamais porté à l'écran.
Au-delà de ses enjeux, Captain Marvel peut s'avérer alléchant, la bande-annonce évoquait entre autre un joli mélange des genres, avec le retour de certains personnages charismatiques. En effet, le spectateur assiste dès les premières minutes à une immersion au cœur d'un contexte purement space opera, assez sombre et plutôt joli, laissant entrevoir une aventure interstellaire obéissant aux codes typiques du genre. Cette première mise en bouche ne s'avère être finalement que de très courte durée puisque le spectateur se voit soudainement propulsé au beau milieu des années 90, à l'aube du SHIELD, avec un Samuel L. Jackson rajeuni, dont l'implantation de cheveux semble plus que douteuse et qui voit son rôle totalement décomplexé. En effet, malgré l'attachement pour le personnage Nick Fury, il lui est réservé un traitement de rôle secondaire noir, typiques des mythiques films et séries des années 80-90,malheureusement des plus caricatural... Une caractérisation qui prête parfois au sourire mais qui s'essouffle malheureusement très vite, à l'instar d'un Jude Law en Yon-Rogg et de toute une flopée de personnages dont j'ai simplement oublié le nom. Brie Larson, car c'est elle que l'on attend, s'en sort finalement pas trop mal. Sa petite carrure d'épaules et son air badass la rendent plutôt sympathique et lui permettent de de s'illustrer de manière respectable, malgré son flagrant manque de consistance.
Il est également difficile de ne pas admettre un certains nombre de trous scénaristiques. En effet, malgré la puissance d'Infinity War, Captain Marvel semble se rapprocher davantage d'autres opus de la franchise beaucoup moins notoires, avec un cahier des charges toujours inchangé. C'est que ce Captain Marvel souffre une nouvelle fois d'une indéniable impression de déjà-vu. Un humour qui fait parfois sourire mais qui cultive toujours autant cet esprit d'auto-dérision, nuisant ainsi à toute tentative d'effet de surprise et de parti-pris risqués. Malgré le manque de plans distingués à se mettre sous la dent, le spectateur ne pourra nier la beauté visuelle de quelques scènes (sa transformation au ralenti en est l'ultime représentation), un rien trop rares et en partie occultées par des instants de bla-bla aussi creux qu'inutiles. Il y a aussi ces clins d'œil en-veux-tu-en-voilà, censés attiser la curiosité du spectateur, mais qui ne suscitent finalement que de l'indifférence tant ils pullulent l'écran et ne servent que de cache misère.
Ce Captain Marvel n'est tout de même pas si mauvais mais il n'est pas nouveau de dire qu'il souffre des mêmes symptômes que la plupart de ses frères. Toujours ce même cahier des charges, toujours cette même trame scénaristique et toujours ces mêmes personnages inconsistants, Captain Marvel reste un film formaté, sans aucune liberté de ton, qui ne doit son originalité qu'à ses intentions très "girl power", un rien inconsistantes pour un opus censé remplir tant de fonctions. Même si un cap avait réellement été franchi avec le dernier opus des Avengers, le niveau retombe de plusieurs crans ici, ne justifiant finalement l'existence de cet origin-story que par celle du Marvel Cinematic Universe.