Viscéral et passionnant à la fois, on vit de l’intérieur cette (triste) aventure...
Contrairement à L'Ordre et la Morale (2011) de Mathieu Kassovitz, qui était un brûlot critiquant ouvertement les agissements des politiques et des militaires dépêchés sur place mais qui ne s’intéressait pas ou peu au sort des otages, ici avec Captive (2012), si le film dénonce, il s’intéresse essentiellement au sort et au devenir des otages.
Brillante Mendoza (Serbis - 2008, Kinatay - 2009 & Lola - 2010) s’est inspiré de faits divers survenus en 2001 aux Philippines pour retranscrire avec beaucoup de véracité cette impressionnante plongée au cœur d’une prise d’otage en plein cœur de la jungle Philippine, sur fond de politique et de religion (les preneurs d’otages sont tous des musulmans pratiquants et une bonne partie des otages sont des occidentaux). D’une durée de 120 minutes, le réalisateur philippin ne perd pas une minute pour nous replonger au cœur de cette reconstitution grandeur nature (dès les toutes premières minutes du film, on entre dans le vif du sujet), il nous retranscrit avec beaucoup de précision et de véracité cette interminable prise d’otage qui dura plusieurs mois. Mis en scène et retranscrit à la façon d’un docu-fiction, Brillante Mendoza nous offre de magnifiques séquences de reconstitutions (du rapt en passant par les scènes de fusillades) caméra à l’épaule, frôlant ou virevoltant entre les soldats, au ras du sol, l’impression d’être sur place au cœur de l’action et la violence se font constamment ressentir. Un film où l’instinct de survie prend tout son sens et où terroristes et otages finissent par ne faire plus qu’un, nouant des liens avec certains des protagonistes (impossible dans ces conditions de ne pas repenser à Ingrid Betancourt, qui fut pendant plus de six ans otages des FARC en Colombie). Viscéral et passionnant à la fois, on vit de l’intérieur cette (triste) aventure, magnifiquement reconstituée au cœur de superbes paysages philippins et interprétés par des acteurs venus de divers horizons et principalement par une Isabelle Huppert épatante.
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