En Italie, le film de Michele Placido s'intitule L'ombra di Caravaggio, mettant l'accent sur le personnage de l'inquisiteur, chargé par L’Église d'enquêter sur la vie dissolue du peintre le plus célèbre du début du 17ème siècle (avec une incarnation brillante de Louis Garrel). C'est l'opportunité pour le cinéaste de faire preuve de pédagogie en illustrant les œuvres les plus célèbres du maître, tout en rappelant à quel point son existence fut agitée, violente et scandaleuse. C'est donc un film d'art et d'épée, qui tente de mélanger le spectaculaire au politique et qui y réussit en partie, en cherchant à retrouver la palette de couleurs du peintre et en montrant également la splendeur des demeures aristocratiques opposée à la saleté des rues et à la misère du peuple. Le long-métrage est ambitieux, trop peut-être pour le talent de Michele Placido, qui s'enferre quelque peu dans un récit haché et parfois répétitif pour cause d'allers et retours incessants entre plusieurs périodes. Caravage reste donc loin de l'intensité du Michel-Ange de Konchalovsky et sa perception de la folie obsessionnelle de l'artiste reste somme toute assez sage, avec une mise en scène qui demeure dans les clous. Néanmoins, ce biopic mérite d'être vu, ne serait-ce que pour se rendre compte de la stature du personnage et surtout pour l'abattage de Riccardo Scamarcio, plus que convaincant dans un rôle plus grand que nature.