Même si les a priori doivent être, ou peuvent être, surmontés, il est difficile de se plonger dans Carbone en pensant assister à un grand film. Rapidement, on en est même sûr tant le casting ne servira jamais aucun scénario, aussi bon soit-il.
Donner à Benoît Magimel le premier rôle d'un film, c'est se risquer à concurrencer Nicolas “Monoface” Cage cherchant le billet dans des films non exploités en salles. À côté de son absence de charisme, Depardieu fait du Depardieu sans aucune nuance, Laura Smet en prend plein la poire sans rien dire (notamment dans une scène peu crédible et inutile), et Michaël Youn tente difficilement de sortir de son registre habituel. Finalement, il faut chercher du côté du sobre et discret Gringe (acolyte d'Orelsan dans Comment c'est loin ou dans la série Canal Bloqués), ou à travers la dureté d'une vraie gueule comme celle de Moussa Maaskri pour trouver parfois un semblant de justesse dans cet ensemble inégal.
Mais si Carbone souffre avant tout de ce jeu d'acteurs, on s'aperçoit aussi que le sujet, autour de la taxe carbone, n'est pas maîtrisé par Olivier Marchal. Certes, le crime n'est pas assez visuel, mais, surtout, le réalisateur fait l'erreur de mélanger rapidement deux mondes totalement opposés ; celui d'Antoine Roca (Benoît Magimel), chef d'entreprise acculé, et celui de Kamel Dafri (Moussa Maaskri), figure du grand banditisme. On ne demande pas à ce que Marchal fasse du Ken Loach, mais si cette différenciation et ce questionnement social et intellectuel ne sont pas creusés un peu plus dans sa longue première partie introductive, celle-ci n'a, en soi, aucun intérêt, et on aura juste attendu la suite.
Au final, en seconde partie, on a l'impression d'arriver là où tout le monde aurait voulu commencer. Comme si Marchal lui-même avait longtemps lutté avant de retomber dans ce qu'il sait faire. Et il était temps...
Note : 4,5/10