**SPOILER**
Benoît Magimel est incontestablement talentueux, mais fait ce qu'il peut dans un personnage principal odieux, donc difficile à suivre, qui m'a perdu aux quinze premières minute avec le si gratuit sermon misogyne et violent qu'il fait à sa femme en rentrant ivre du poker avec ses copains. Son beau père et ennemi, à peine charismatique dans son rôle, Gérard Depardieu trouve que c'est un minable, et on le comprend.
Antoine Roca, donc, qui a hérité de la boite de papa et ne sait pas la gérer doit déposer le bilan, lui qui se considère honnête et lésé par la société qui lui réclame trop d’impôts, se lance dans une fraude massive à la TVA via des magouilles de tradding à la taxe carbone pour se faire des millions faciles, entre deux séquences virilisantes, cigarette et verre de whisky à la main, l'air torturé, et on ne sait toujours pas pourquoi il l'est, en fait. Un nouveau riche mascu ouin ouin 2.0 qu'il va falloir suivre 1h40. Tout un programme. Ça commence mal.
J'avais deux bonnes raisons de me lancer dans cette aventure : J'aime les polars et je pensais que Olivier Marchal, qui a bien mauvaise presse, en tant qu'ancien flic, était capable de retranscrire des personnages, des atmosphères et des intrigues vraisemblables, ou du moins captivantes, du monde du crime, je n'aurais eu ni l'un ni l'autre. Pour monter son affaire Antoine se fait aider par un parrain de la pègre et un flic, il balance les deux, on se doute que ça va mal finir. Et ça finit mal. Les escrocs médiocres se transforment d'un coup en tueurs froids ça tire dans tous les sens et ça se descend à tour de bras, parce que ça manquait de flingues. Une affaire de fraude financière pouvait probablement se clore de manière plus subtile, mais ça n'a pas du être l'avis du réalisateur, qui nous offre de l'action et de l’hémoglobine pour couronner le tout de manière décemment virile.
À peine commencent-ils à gagner de l'argent grâce à leur trafic, que ça flambe dans tous les sens, bijoux, voitures de luxe, costards, la moitié de Paris est au courant de leurs combines, mais ça roule. Le clin d’œil à Scarface est hors de propos et peu subtil. C'est là qu'on se demande si le but était de nous offrir un polar digne de ce nom où juste le spectacle de tocards matrixés par l'oseille, qui roulent des mécaniques, toujours fiers, mais de quoi ?
Coté femmes on est sur un cas d'école : elles sont belles, elles sont là, silencieuses et bien habillées aux dîners, elles en prennent plein la gueule, servent d'objets de représailles, on se fait du soucis pour elles mais quand il s'agit d'affaires ou d'avoir un vrai rôle dans le scenario, on a toujours pas trouvé comment faire. Seule Danni s'en sort à peu près avec un rôle, vu et revu, de matriarche, vétérante de la nuit mystérieuse à la voix rauque, qui sort des gros contacts mafieux de son chapeau dès qu'il y a besoin.
Le décor est posé rapidement, on navigue entre luxueuses boites de nuit parisiennes et des intérieurs de luxe parisiens, la drogue, les strip-teaseuses, les caïds peu crédibles, et des flics ripoux d'un autre temps. Des bouteilles de champagnes dans tous les plans, des beaux costumes, la surenchère finit par fatiguer, c'est clinquant, ça pue l’after-shave et l'indécence, l'argent, vulgaire et sans justification.
On se déplace d'un endroit à l'autre sans trop savoir où on est, rien n'est exploré, à l'image des personnages. On évoque à peine les aspects de ces environnement mafieux, de la banlieue où réside le très méchant Dafri à la pègre en costume du sentier.
Un fantasme esthétisant et définitivement masculin de la vie dorée d'escrocs sans élégance, qui tente discrètement de les glorifier et de nous les faire aimer.
Un film pour les hommes, les vrais, par des hommes, avec des hommes, coûte que coûte, si détestables soient-ils.
Bref, un peu macho, un peu grossier, un peu nul.