Carla et moi
6.5
Carla et moi

Film de Nathan Silver (2024)

Nathan Silver s'essaie à un genre de comédie rétro dans un geste assez étrange : on se croirait plongé dans le cinéma indépendant new-yorkais des années 70 ou 80, dans le sous-registre de la comédie juive, Jason Schwartzman faisant office de néo-Allen dépressif suite au décès de sa femme et trouvant un réconfort impromptu en la personne de Carol Kane son ancienne prof de musique (et accessoirement elle aussi une figure d'un Allen possible). Il y a le grain épais disséminé sur toute la (fausse) pellicule, les épaisses nappes de dialogues introspectifs, les allusions grivoises plus ou moins explicites qui surgissent régulièrement... Et on nage en plein délire autour de cette femme âgée souhaitant faire sa bat-mitsvah qui se retrouve liée au chantre de la synagogue en pleine crise existentielle.


La configuration ne s'agence pas sans lourdeurs, et à de nombreuses reprises Silver pousse trop loin les curseurs de la comédie intellectuelle et de toutes sortes de dispositions techniques de mise en scène qui gâchent quelque peu l'ambiance — des recours incessants au zoom, des fausses ouverture / fermeture à l'iris, un montage bizarrement haché avec désynchronisation du son... Ça fait beaucoup, et pour peu qu'on ne soit pas réceptif à ce genre d'humour très formaté, le cocktail peut se révéler très préjudiciable.


Mais bon, il y a quand même quelques délires qui rendent "Between the Temples" plutôt sympa. Quelques trames de fond, quelques séquences hallucinantes — la discussion qui vire au gros délire hallucinatoire suite à la prise involontaire d'infusion aux champignons est plutôt bien gérée, que ce soit dans le contenu des révélations introspectives ou dans la progression du chaos hallucinatoire. La dernière séquence du repas, pour lequel Schwartzman a invité un peu contre l'avis de tout le monde Kane, constitue aussi une belle apothéose : tout le monde a les yeux rivés sur la fille du rabbin mais voilà que le gars déclare sa flamme à son ancienne prof de 70 ans... L'hystérie plus ou moins contenue des différents convives est vraiment très drôle, autant que gênante, et Silver parvient à souligner certains traits comme la consécration du travail sur le bizarre durant tout le film. En toile de fond, il y a quand même ce doux récit des rencontres salvatrices et des électrochocs providentiels.

Créée

le 4 nov. 2024

Critique lue 35 fois

1 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 35 fois

1

D'autres avis sur Carla et moi

Carla et moi
Morrinson
5

Braver les interdits

Nathan Silver s'essaie à un genre de comédie rétro dans un geste assez étrange : on se croirait plongé dans le cinéma indépendant new-yorkais des années 70 ou 80, dans le sous-registre de la comédie...

le 4 nov. 2024

1 j'aime

Carla et moi
Cinephile-doux
5

Bat-mitsvah

Cette histoire de bat-mitsvah (très) tardive, dans le milieu juif new-yorkais, est assez déconcertante et franchement inégale, capable d'offrir des scènes très audacieuses et iconoclastes mais aussi...

le 29 oct. 2024

1 j'aime

Carla et moi
JorikVesperhaven
3

Pas très orthodoxe.

Aïe aïe aïe ! Se farcir un film comme Carla et moi et l’apprécier est certes possible, mais il faut vraiment être un inconditionnel du cinéma indépendant américain dans tout ce qu’il a de plus...

le 23 oct. 2024

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

144 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11