Cette histoire de bat-mitsvah (très) tardive, dans le milieu juif new-yorkais, est assez déconcertante et franchement inégale, capable d'offrir des scènes très audacieuses et iconoclastes mais aussi des moments fort longuets et dépressifs. Dans le registre archi-balisé du cinéma indépendant américain, mâtiné de comédie juive transgressive, Carla et moi ressemble à une rencontre entre le Harold et Maude d'Ashby et certains films de Woody Allen mais en mode étiré et avec un humour très particulier, qui est loin de faire mouche à tout coup. C'est surtout que Nathan Silver cherche à nous surprendre par des effets de mise en scène, sans véritablement convaincre du bien-fondé de ses inspirations. A contrario, certains passages sont rendus très agaçants par le manque de simplicité, notamment dans les scènes de groupe où les conversations se chevauchent et où la caméra batifole entre les gros plans de tous ses personnages. Une façon de montrer la gêne que suscite l'argument principal du film et le chaos qu'il engendre, mais qui a tendance à énerver les témoins que nous sommes. Cela n'empêche pas Carla et moi d'avoir quelques atouts, dont une certaine originalité dans son déroulement narratif, relativement imprévisible, et le jeu d'un Jason Schwartzman, très doué pour en faire peu mais exprimer beaucoup.