Un film qui fait du bien, qui n'a pas d'indépendant que le nom. Profondément original, même si tourné parfois avec des effets un peu forcés - le zoom fait tellement kitsch même si on en redemande. Jason Schwartzman forcément est exceptionnel, au même titre que Carol Kane. C'est un film profondément triste et profondément joyeux à la fois. Insolent et mettant en scène un univers hyper normé et respectueux. La deuxième mère récemment convertie est paradoxalement l'archétype de l'intolérance et du soin à se cacher derrière les apparences bien pensantes - il me semble que c'est l'actrice qui jouait déjà un rôle fort ambigu et vachard dans Sans filtre. Les scènes de repas sont super bien tournées, et révèlent parfaitement l'incongruité et l'intolérance que la situation génère. On pourrait être dans une comédie dramatique, dans un drame social, mais c'est une comédie romantique d'un nouveau genre, où un quadragénaire chantre dépressif et aphone s'amourache d'une septuagénaire loufoque qui souhaite faire sa batmiseva - il y a du Minie et Moscowitz de Cassavetes là-dedans. La scène finale est très émouvante, triste et laisse supposer que l'amour se vit seulement à deux - comme dit Proust "on n'aime plus personne quand on aime".