Dans le sillage d’un genre qui trouve son public en même temps que ses codes, Carnage est un pur film opportuniste. D’un côté, une sorte de croque-mitaine hérité d’une légende urbaine nommé Crospy ; de l’autre, une colonie d’ados rassemblée dans un camp de vacances. Vous avez dit Halloween ? Vous avez dit Vendredi 13 ? Oui, carrément. Surtout, évidemment, le second avec son camp de vacances en pleine nature, ses nombreuses proies et ses ados rivalisant de bêtise. Parmi eux, quelques têtes plus ou moins connues qui annoncent les rôles qu’ils tiendront plus tard. À moitié nus, bien sûr, libidineux à souhait, nos jeunes ont été déjà vus cent fois ailleurs et leur destin, avouons-le, nous importe assez peu. Ils sont trop bêtes : que le vilain Crospy nous en débarrasse, merci !
Mais avant de tomber dans une espèce de Vendredi 13 bis, le film s’ouvre sous un jour plus original. Une blague de gamins qui tourne mal placée en introduction quand ce type de scènes est plutôt placée en fin de bobine. Un type défiguré par ses brûlures, la séquence à l’hôpital et, quelques années plus tard, sa sortie et son premier méfait. Dans une scène particulièrement maîtrisée, notre Crospy erre sur les trottoirs et cherche à s’offrir les services d’une prostituée. L’alternance caméra subjective, point de vue de la prostituée et plans d’exposition est une totale réussite. Ce premier quart d’heure est, de toute évidence, le meilleur du film car il est vraiment original. Si les maquillages de Tom Savini font leur petit effet dans les scènes de meurtres, la suite ne réserve aucune surprise. Le temps de faire le petit tour des personnages, il s’écoule bien une demi-heure sans que ne rien ne se passe, hormis trois fausses alertes qui finissent par agacer.
Le massacre final attendu peine à se dérouler dans une atmosphère sous tension. Le suspense est rare et on aurait presque l’impression que le réalisateur bâcle ce qui aurait dû constituer le fonds de commerce de son récit. Dans le genre, on préférera ses illustres concurrents, autrement plus flippants et plus dérangeants. Ici, on veut tellement surfer sur le succès de ses modèles qu’on en oublie de s’en démarquer. Dommage, les talents réunis ici annonçaient, dans un premier temps, un slasher plus marquant. Sa maîtrise technique lui permet, cependant, d’occuper une place honorable dans l’histoire du genre.