The burning, aka Carnage en VF, est un sous-Vendredi 13, sorti un an après les premières aventures de Jason Voorhees. Le film est plus ou moins culte aux USA, mais vu les notes, je ne m’attendais pas à grand chose. Déjà que je trouve que Vendredi 13 ne vaut pas grand chose, hormis durant ses scènes de meurtre. Je crois que la seule raison que j’avais de voir Carnage, c’était que les effets spéciaux sont aussi réalisés par Tom Savini. Et j’admire le travail de ce type depuis que je suis ado.


L’histoire se tient donc dans une colonie de vacances, où un groupe de jeunes veut se venger de Cropsy, le jardinier alcoolique et violent du camp. Mais la farce prévue tourne mal, et la victime se retrouve le corps entièrement brûlé. Cinq ans plus tard, Cropsy sort enfin de l’hôpital, et les médecins lui recommandent d’oublier toute sa rancœur… mais on comprend qu’il rejette leur conseil quand la première chose qu’il fait est d’aller voir une prostituée, et de la tuer quand elle prend peur en voyant son visage. Enfin Cropsy reste dans l’ombre, avec un imper et un chapeau qui le cachent entièrement, et il ne dit jamais rien ; moi je me serais inquiété bien avant si j’avais vu un type pareil.
Finalement, le grand brûlé ne cherche même pas à se venger des coupables, il se contente de n’importe quel jeune qui lui tombe sous la main, dans un nouveau camp de vacances !
On ne sait pas si le lieu est choisi parce qu’il se trouve pas loin du précédent camp, ou si Cropsy cible l’un des jeunes qui l’a défiguré, qui est désormais un des moniteurs. Dans le premier cas cas, on se dit que c’est un sacré hasard, et dans le second, on se demande pourquoi le méchant veut se venger d’un seuls des responsables, et pourquoi lui précisément.
Et donc ce jeune homme devenu animateur, il raconte l’histoire de Cropsy autour du feu un soir, présentant des faits réels comme si c’était une légende urbaine, et en inventant même une histoire de vengeance sans savoir qu’elle va vraiment avoir lieu. Je trouve ça idiot ; si j’avais vécu un truc pareil, je ne prendrais pas ça à la légère en en faisant une histoire d’horreur pour divertir les gamins.


Comme dans Vendredi 13 et n’importe lequel de ses ersatz, les mecs du camp veulent baiser et tiennent la moitié du temps des conversations graveleuses. Les filles quant à elles se baladent en mini-short ou en bikini, avec chemise rabattue juste sous la poitrine ou top moulant sans soutif. A croire qu’elles ont tiré leurs conseils mode d’un numéro de Playboy.
Evidemment, il y a de la nudité gratuite : une fille sous la douche, un couple qui se baigne nu, un autre qui baise dans la forêt, …
Il y a quelques efforts pour créer des rapports, de conflit ou de camaraderie, entre les personnages, mais leurs chamailleries ne sont pas bien intéressantes et ils ont un sens de l’humour pourri, ce qui fait qu’on ne s’attache à aucun d’eux.


Ce qui m’a un peu surpris, c’est la réalisation, qui est meilleure que je ne l’aurais imaginé. Tony Maylan aime visiblement jouer avec les différentes profondeur de champ, en mettant un personnage au premier plan et les autres dans le reste du cadre ; ça agrandit l’espace, et ce sont des plans qui changent agréablement de ce qu’on a l’habitude de voir, en proposant une alternative aux classiques champs/contre-champs.
Je trouvais aussi au début que le réalisateur ménageait bien le suspense et savait donner de l’importance à certaines scènes en étirant leur durée et en choisissant des cadres resserrés sur les visages par exemple (à noter que le monteur est aussi un habitué de l’horreur : Jack Sholder, le futur réalisateur de Hidden et Freddy 2). Mais finalement, il y a trop de scènes qui s’éternisent inutilement, comme cette longue poursuite d’un personnage dont on se fout.
Le cinéaste s’appuie beaucoup trop sur des procédés faciles pour faire "peur", comme ces jumpscares idiots (le type qui se redresse en sursaut dans son lit, mais en fait reste endormi… j’ai jamais vu ça), et un tas de fausses frayeurs : soit le tueur rôde mais il n’attaque pas, soit on veut nous faire croire que le tueur est là mais en fait non. Et c’est prévisible, vraiment à chaque fois.
Ces duperies sont trop nombreuses, et on attend alors trop longtemps que le tueur agisse enfin. Et encore là, on devine parfaitement quand Cropsy va apparaître : par exemple après un long moment à errer, un des jeunes se repose avec soulagement contre un mur (Mais pourquoi ? Y a-t-il quelque chose qui lui fait penser qu’il a échappé au tueur ?), et on sait très bien que c’est pour susciter un relâchement de tension chez le spectateur et faire surgir le méchant de nulle part.


Au moins, certains des effets spéciaux sont très efficaces et impressionnants, même si aucun des meurtres n’est particulièrement original. On a affaire à du Vendredi 13, en moins bien ; je ne sais pas pourquoi, mais aussi bien dans la fameuse saga que dans Carnage, on fait une fixation sur les cous, qui se font trancher ou transpercer. Et donc on retrouve ici une scène très semblable au premier meurtre du premier film de Jason Voorhees… mais avec un trucage moins bien mis en valeur : le cou de la victime n’est pas bien dégagé, donc l’effusion de sang n’est pas aussi bluffante que lorsqu’on percevait à peine la séparation entre la gorge de l’actrice et le latex.
Carnage s’appuie aussi davantage sur des plans succincts où on ne voit pas grand chose et les coupes du montage pour faire passer les trucages.
L’affrontement final en particulier est vraiment mal filmé et monté n’importe comment, on ne comprend pas grand chose à l’action et à l’espace, et en plus c’est entrecoupé de plans qui se déroulent ailleurs et de flashbacks… qui tous les deux ne servent à rien.


Je peux pas dire que je sois déçu, c’est plus ou moins ce à quoi je m’attendais : un film mauvais mais avec de jolis meurtres. Mais j’espérais que ça soit un peu mieux rythmé et que le gore soit mieux mis en valeur.


PS : J’ai vu Carnage le jour-même où j’ai commencé à joué à Dropsy. Cropsy, Dropsy, … hasard amusant.

Créée

le 12 déc. 2016

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Wykydtron IV

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