De la science-fiction française ? Rien que pour avoir le plaisir d'écrire cette phrase, je n'aurais pas perdu mon temps à le regarder. Mais si en plus le résultat s'avère ambitieux et réussi à bien des égards, cela devient carrément un événement. Bon, j'exagère un peu car il y a quand même des manques m'ayant empêché de m'immerger autant que je l'aurais souhaité dans cet univers d'anticipation aussi sombre qu'inquiétant.
Je trouve notamment que cela manque terriblement de contextualisation quant aux événements ou aux décisions qui ont pu amener à un monde aussi déshumanisé, brutal : on ne sait quasiment rien, si bien qu'on ne s'implique jamais autant que si nous avions eu toutes les cartes en main : que Jean-Baptiste Leonetti laisse une part de mystère pour permettre une libre part d'interprétation, soit, mais qu'on en sache un minimum me paraît quand même assez basique. C'est d'autant plus dommage que pour presque tout le reste, Leonetti fait preuve d'une imagination et d'un talent fulgurant pour offrir plusieurs scènes marquantes
(toutes les mises en situation professionnelles, dont la cruauté, la violence n'ont d'égales que l'ingéniosité),
pouvant compter sur un remarquable sens du décor et une qualité d'ambiance que peu de réalisateurs hexagonaux sont capables d'offrir, le tout sans réels effets spéciaux.
Inattendu également mais tout aussi séduisant : le duo Sami Bouajila - Julie Gayet qui, malgré une opposition peut-être un peu forcée, expriment avec intensité les tourments intérieurs les agitant constamment. Pas sûr, alors, que
cette lueur d'optimisme finale
soit en adéquation avec ce qui avait été développé jusqu'ici, mais pourquoi pas : après tant de noirceur, espérer, ne serait-ce qu'un peu, cela peut être salutaire. En tout cas, et même si l'on regrettera, donc, que cet univers n'ait pas souhaité s'appuyer sur un « historique » solide qui lui eut donné plus de valeur, « Carré blanc » est de ces titres ne nous laissant clairement pas indifférents : comme quoi, il y a encore une petite place pour les auteurs inventifs et talentueux en France : une vraie bonne nouvelle.