Carrie est juste Carrie avec youtube et un smartphone.
Tout premier roman de Stephen King publié en 1974, Carrie aborde le sujet de l’isolement et de l’intimidation chez les adolescents. L’auteur apporte vengeance à son personnage grâce à son don de télékinésie. Deux après sa publication, Carrie à droit à sa toute 1er adaptation cinématographique par le réalisateur Brian De Palma (Scarface). Devenu une icône du cinéma d’horreur, c’est 37 ans plus tard que Kimberly Peirce (Boys Don’t Cry) fait revivre Carrie White dans une 4e version beaucoup plus contemporaine et sanglante que l’original.
"La jeune lycéenne Carrie White, violentée par sa mère Margaret Brigham White, une fanatique religieuse, se découvre des pouvoirs de télékinésie. Entre le comportement abusif de sa mère et les moqueries incessantes de ses camarades au Lycée, elle voit malgré tout sa vie chamboulée par ces étranges forces et doit apprendre à les contrôler. Mais voilà qu’un jour, le beau Tommy Ross l’invite au bal de fin d’année. Ce qui devait être la plus belle nuit de l’année pour Carrie et ses camarades pourrait donc bien tourner au pire des cauchemars…"
Pour les fans de Stephen King, Carrie au bal du diable, de 1976 reste à ce jour l’une des meilleures adaptations cinématographiques d’un roman de l’auteur malgré ces différences avec le récit. À travers cette nouvelle adaptation, Carrie, La Vengeance, Peirce décide de pointer davantage le conflit mère-fille en démarrant le film par la naissance de Carrie. Une scène très marquante qui démontre très bien le dysfonctionnement de cette petite famille. Margaret White, mère extrêmement religieuse et surproductrice envers sa petite fille, passe sa vie à se faire pardonner envers Dieu quitte à souffrir elle-même. Contrairement au rôle de la mère dans Carrie au bal du diable, Peirce veut particulièrement appuyer sur le rôle de Margaret, joué par par Julianne Moore (Crazy, Stupid, Love), qui est beaucoup plus présente. On arrive très bien à ressentir son mal être et l’isolement qu’elle s’impose. Un personnage beaucoup plus dérangé et marquant que la version originale.
Le personnage de Carrie, interprété par Chloë Grace Moretz (Kick-Ass), est beaucoup plus caractériel que celui joué par Sissy Spacek. Toujours aussi vulnérable, Carrie exploite davantage son don de télékinésie et en fait sa force. Le personnage de Carrie évolue au fur est à mesure de l’histoire afin que son don devient rapidement un prolongement d’elle-même et grandi en-elle. La progression personnel du personnage principal rythme le film et fait ressentir une tension (lorsque l’on sait comment se termine le film). L’histoire évolue constamment par le point de vue du personnage de Carrie, alors que la version de 1976 s’attarde beaucoup sur la façon dont les autres personnages aperçoivent Carrie. Le binôme Moore et Moretz s’accordent et font la force du film. C’est aussi de cette manière que la relation mère-fille est constamment mise en avant afin de faire passer les émotions du personnage de Carrie toujours au premier plan.
Alors que les remakes de films d’horreurs n’arrivent pas encore à satisfaire les adeptes, les productions s’efforcent et continuent de faire renaître les plus grands classiques du genre. Certes, il faut parfois arrêter de comparer et se faire une nouvelle idée, mais reste que rare sont ceux qui ont réussi à faire un remake remarquable. Dernièrement, Fede Alvarez avec sa version 2013 d’Evil Dead, nous offre un nouveau point de vue et un tout nouveau regard sur la version de Sam Raimi qui était déjà remarquable. Ici, Carrie, La Vengeance n’apporte aucun nouveau regard. Malgré que les personnages soient beaucoup plus travaillés en respectant l’univers de King, cette version 2013 de Carrie respect malgré tout sa version d’origine. Cette nouvelle version est plutôt une réadaptation qu’un remake ou reboot.
Carrie reste toujours un message pour le public. Kimberly Peirce le démontre à travers la cyber-intimidation qui reste un sujet actuel. Une intimidation beaucoup plus impropre que le film original où Carrie n’aura pas la main légère pour se venger. Une vengeance toute aussi glaciale que sanglante. Après tout, pour Carrie, la vengeance restera un plat qui se mange froid.