On dirait pas comme ça mais Tony Scott s'est quand même suicidé en août 2012. Un choc pour les cinéphiles, un autre pour Ridley, son propre frère aîné, qui a tout de même enchaîné avec un 21e long-métrage que l'on devinait forcément plus intimiste que son dernier Prometheus. Scott senior revient donc au thriller sombre et désespéré en s'alliant avec le grand romancier Cormac McCarthy qui s'improvise pour la première fois scénariste. Une alliance-choc qui promettait le meilleur mais qui reste malheureusement imparfaite...
Ridley Scott a cette particularité d'enchaîner des films de façon terriblement hétéroclite, d'alterner les genres sans sourciller, de prendre parfois des risques (le douloureux souvenir Une Grande année). Ici, il prend un nouveau risque en racontant l'histoire d'un avocat sans nom qui s'associe à un dangereux cartel mexicain pour s'en mettre plein les fouilles. Mais rien ne se déroule comme prévu et les emmerdes approchent à grands pas. Le nom de notre héros restera un mystère, son passé très vaguement expliqué, le deal dans lequel il trempe inconnu.
Bref, Cartel est un film flou où on encaisse les évènements sans comprendre trop pourquoi ni comment. Le film préfère se concentrer sur le échanges entre les personnages, sur leurs dialogues incisifs et sur la descente aux enfers de notre protagoniste principal qui va peu à peu perdre le contrôle de la situation... et en assumer les conséquences. Car c'est de ça dont parle Cartel finalement, du risque, des choix décisifs que l'on prend et des conséquences qui en incombent. Cartel émet durant deux heures l'hypothèse comme quoi un homme peut tout perdre lorsqu'il fricote avec le Diable.
Déserts terrifiants, tueurs méthodiques, femmes vénéneuses, gros magot et meurtres sanglants... Aucun doute, on nage en plein Cormac McCarthy, sa plume transpirant durant tout le métrage avec une évidence désarmante. Le casting quatre étoiles témoigne également de la qualité du long-métrage (Fassbender, ce mâle), un long-métrage bling-bling, sexy, violent, presque intemporel, peut-être difficile à suivre mais qui prend tout son sens ou presque lorsque notre matière grise a bien travaillé. Probablement le film le plus sombre d'un Ridley Scott encore endeuillé qui ne manque cependant pas de panache.