Ce film m'a rappelé le "Savages" d'Oliver Stone dans sa mise en scène (en légèrement moins vulgaire, quoique...), les deux films partageant les mêmes tares et effets de style destinés à bluffer le spectateur en lui en mettant plein la vue afin de masquer la pauvreté et l'absurdité du scénario.
En effet, force est de constater que ce "cartel" est totalement fantasmé par ce brave Ridley, les chicanos n'ayant pas besoin de mouchard ou de GPS pour vous localiser, ils savent précisément où vous êtes et ce que vous faites à chaque instant et relèvent ainsi davantage d'extra-terrestres télépathes que de simples trafiquants.
Pourtant, suite au vol d'un camion comprenant plus de 600 kilos de marchandise dans ses fondations, le cartel décidera de punir et de pourchasser "face bender", Bardem et "bad Tripp" qui n'y sont absolument pour rien, et ne s'apercevra jamais que Cameron Diaz tire les ficelles, alors qu'elle parade systématiquement et de manière prétentieuse aux yeux de tous et en plein jour (avec ses deux guépards...). C'est complètement tiré par les cheveux.
Encore une fois, Scott tente de masquer ces incohérences en optant pour une mise en scène fluide et en passant rapidement d'un lieu et d'un personnage à un autre, au détriment de toute scène explicative ou cohérente.
Le ton employé est plombant et se veut grave et sérieux, ce qui est d'autant plus ridicule et pénible que le film n'a ni queue ni tête.
Diaz met par exemple son mec (Bardem) sur écoute, et sait donc que le cartel compte lui faire la peau. Sauf qu'elle vient le voir pour lui dire qu'il est mal barré et qu'elle prendra la tangente, et celui-ci ne s'en étonne à aucun moment, ne lui posant même pas la question "mais comment tu l'sais?"...
Même chose avec Fassbender, quel est son rôle dans tout ça? Pourquoi rencontre t-il Brad Pitt? Comment le cartel peut-il croire un seul instant qu'il a dérobé leur marchandise, alors qu'il n'est qu'avocat et a deux de tension? Bref, c'est n'importe quoi.
Le comble dans tout ça c'est qu'à la mise en scène stylisée et bling bling vient s'ajouter des dialogues énigmatiques et pseudo philosophiques s'étirant en longueur, notamment vers la fin du film, lorsque Fassbender appelle ses "contacts" pour obtenir des conseils et espérer ainsi échapper à la vindicte du cartel.
Ces échanges téléphoniques tournent au ridicule et achèvent les derniers espoirs du spectateur, le film n'ayant absolument pas les moyens et la crédibilité pour se parer d'une quelconque "profondeur métaphysique".
Certaines fulgurances ou idées de mise en scène sont toutefois à mettre au crédit de Scott, notamment ce câble tendu sur une route désertique qui coupera la tête du motard, ou le sort réservé à Brad Pitt à la fin du film.
L'image et la photographie sont également de bonne facture et l'interprétation est satisfaisante, à défaut d'être inspirée ou réellement convaincante.
Le film reste cependant totalement dispensable dans la mesure où il ne nous apprend rien, ne nous fait ressentir aucune émotion et fait pâle figure en comparaison à d'autres (nombreuses) réalisations abordant le même sujet.
Scott devrait vraiment s'arrêter, il est temps...