Les proies d'un côté et les prédateurs de l'autre: une telle vision du monde pourrait paraître simpliste si elle n'était pas si étroitement liée au "cartel", à cette économie invisible dont il était aussi question dans Cosmopolis de Cronenberg. Dans ces deux films, un homme, qui se croyait beau et fort, finit par pleurer. C'est sans doute la raison pour laquelle la première scène de Cartel, une scène d'amour, paraît rétrospectivement si belle: le sexe y existe de façon presque vitale, dans un lit qui est comme un dernier refuge avant la fin du monde.
Cormac Mc Carthy, l'auteur de Cartel, écrivait à ce propos dans No Country for old men: "Finalement, on arrive à une faillite de l'éthique marchande qui vous laisse avec des morts assis dans leurs véhicules en plein désert et alors il est trop tard." C'est ce "trop tard" qui résonne à la fin de Cartel et qui en fait à mon sens un grand film.