Ilsa: son ex, c'est l'acide dur Rick

Michael Curtiz, le metteur en scène, a dû composer avec plusieurs contraintes qui ont fait du tournage tout un parcours d'obstacle:


-d'abord la guerre: il faut faire un film de propagande qui monte le moral des troupes


-les restrictions budgétaires qui s'ensuivent: pas question d'avoir un avion, tu feras avec une maquette, pas d'essence pour les voitures, etc...et démerde-toi pour les scènes d'action.


-le scénario écrit par plusieurs scénaristes de sensibilités différentes et le casse-tête pour trouver une fin (merci wikipedia):
on ne peut pas faire mourir Rick à la fin, puisque c'est un film de propagande, on ne peut pas le faire partir avec la fille: dans ce cas que deviendrait le héros Victor Laszlo?


Donc voilà le compromis trouvé après des heures de réflexion:


Le patron de bar intègre quitte son grand amour pour refaire sa vie avec le chef de la police locale, qui est un collaborateur notoire.


Fin tirée par les cheveux, isn't it? Mais qui préfigure, coup de chance, la "réconciliation nationale" du général qui sera la politique française officielle trois ans plus tard.


-dernière contrainte, la pire: les acteurs. On fera avec Bogey, avec son jeu minimaliste tel un tableau monochrome d'Yves Klein, sa voix robotique de Donald Duck dépressif et on l'habillera en blanc, pour changer. On fera aussi avec Ingrid Bergman, chaleureuse comme un paquet de frites surgelées, et on lui mettra un abat-jour sur la tête et on fera aussi avec le troisième acteur dont tout le monde a oublié le nom, wannabe Buster Keaton.


C'est là qu'intervient le métier et le talent de Michael Curtiz: pour rehausser Bogey, qui était plus petit que sa partenaire, on le faisait jouer juché sur un escabeau (merci wikipedia, paie ta référence) ou assis sur une pile de coussins. Pour donner un peu d'expressivité au regard vide de Bergman, on avait fait appel au directeur de la photographie Arthur Edeson, à sa science du clair-obscur, à ses filtres et à une lampe braquée sur les yeux de l'actrice pour les faire briller après les avoir humidifiés (paie ta référence, rappel).


Mystère du cinéma, toutes ces difficultés maîtrisées ajoutées à la musique nostalgique, aux excellents personnages secondaires et à l'ambiance années 40 du night-club ont fait de Casablanca un classique, un film culte.
Une fois de plus bravo à Michael Curtiz, metteur en scène trop injustement oublié de nos jours.

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le 2 sept. 2015

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Zolo31

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