Lorsqu’j’ai enfin décidé de regarder Case départ jusqu’au bout, je me suis rendu compte (sans faire de jeu de mots) que rien que l’idée de départ pouvait soulever de nombreux griefs. En effet, après avoir brûlé l’acte d’affranchissement de leur ancêtres devant leur tante, Fabrice Eboué et Thomas N’Dijol sont « punis » en étant renvoyés dans le passé, c’est-à-dire réduits en esclavage. Etrange punition qui ne peut s’appliquer qu’aux personnes de couleur noire, on imagine mal un film où l’on punit des enfants juifs en les renvoyant à Auschwitz, mais bon pourquoi pas… Eboué a déclaré à sa sortie que Case Départ voulait « parler des problèmes actuels en situant l’histoire du film dans le passé ». Tarantino (sur le quel j’ai parfois des réserves) a quand-même réussi dans Django Unchained à faire passer les esclavagistes pour de parfaits abrutis alors même que ceux-ci se croient supérieurs à d’autres hommes à cause de la couleur de leur peau. Leonardo Dicaprio a notamment bien interprété son rôle de précieux ridicule. On ne retrouve pas cela dans Case Départ où les esclavagistes usent seulement de violence et de mots vulgaires, de préjugés, sans que le film parvienne à nous montrer l’absurdité de ces personnages. Une scène est très parlante à ce sujet. Les propriétaires blancs s’étonnent que Fabrice Eboué sache lire et se disent qu’il ne manquait plus qu’il sache jouer de la musique. Eboué, vexé, se dirige vers un piano et commence à jouer puis à chanter une chanson de Laurent voulzy….Le soleil donne (la même couleur aux gens)…On rit un moment, avant une scène de flagellation, où l’on retrouve parmi les spectateurs, je vous le donne en mille, la tante du début, qui porte un regard sévère sur la scène, la punition se continue donc… On doit également rire du marquage au fer et de l’esclavage tout simplement, chose que l’on ne voit pas je le répète dans Django Unchained, et quoi que Spike Lee puisse dire. S’il « ne veut pas qu’on rit des souffrances de son peuple », on se demande comment il réagirait s’il regardait Case départ. Seul scène réellement drôle du film, le débat avec le complice juif qui aide les deux héros à s’enfuir. Débat qui tourne autour de ce que l’on appelle maintenant « la concurrence victimaire ». Eboué va trancher en déclarant qu’à l’heure d’aujourd’hui (enfin l’ère de l’esclavage sic.) ce sont les noirs qui ont le plus souffert mais plus tard viendra Adolf. Adolf qu’un juif de cette époque ne peut pas connaitre bien-sûr.
Fabrice Eboué a longtemps défendu Dieudonné. En voyant ce film je me dis que si on n’avait donné à ce dernier les moyens de réaliser un long-métrage sur l’esclavage il aurait peut-être été bon, et les choses auraient été différentes, mais avec des si on refait le monde, alors pour rester dans le concret, et si l’on veut regarder un film qui parle de racisme en regardant dans le rétroviseur, il faut se jeter sur l’excellent Chocolat de Rochdi Zem avec Omar Sy dans le sommet de son art, bref pour moi le film de Eboué, N’Dijol et et Lionel Steketee (peut-être est-ce sa faute) tombe sur la case….banqueroute.