Daniel Sauveur, manutentionnaire près de Chartres, en a ras-le-bol de travailler au bas de la chaîne de la parfumerie. Et surtout de voir les Breuil, la puissante famille locale, continuer de dominer tout le monde. Il décide donc de commencer à se servir dans les juteux stocks de parfum, ce qui va déclencher une ascension criminelle...
"Cash", c'est la fusion improbable entre le cinéma de Martin Scorsese et... la comestic valley !
Jérémie Rozan ne s'en cache aucunement, il s'inspire énormément du mastodonte américain, période "Goodfellas" et "Casino". Montage frénétique, sous-intrigues et combines en cascades, BO variée, personnages secondaires hauts en couleurs, voix-off très présente, protagoniste qui brise le 4ème mur, arrête sur image... Il y a même un traveling au sein de la planque de notre anti-héros, qui fait furieusement écho au fameux plan dans le restaurant qui présente les divers mafieux dans "Goodfellas".
Mais à la différence de "Lo Spietato", sorti sur la même plateforme, qui repompait sans âme Scorsese, on est ici dans un hommage plus subtil. Jérémie Rozan ayant sa propre patte, et une intrigue assez riche en coups fourrés et gros filous.
Par ailleurs, il situe donc son film dans la cosmetic valley. Un cadre très peu abordé au cinéma. L'occasion d'une petite bouffée d'air parfumé, et aussi de filmer la cathédrale de Chartres sous toutes les coutures.
Après, n'est pas Martin Scorsese et Thelma Schoonmaker qui veut. "Cash" n'a pas la maîtrise de son modèle. La voix-off a tendance a trop prendre par la main le spectateur (sans non plus tomber dans la paresse narrative). La BO est un poil trop éclectique, allant du rap, au reggae... à une reprise inattendue et voyante d'un thème de John Carpenter de "Escape from New York" !
Question personnages, Raphaël Quénard est plutôt convaincant et sympathique en protagoniste pourtant antipathique sur le papier, sorte de Tony Montana à la française, en moins vulgaire, mais tout aussi mégalo. Antoine Gouy campe quant à lui un adversaire qui ne sera pas celui que l'on croit.
Par contre, dommage pour Agathe Rousselle. Fantastique dans "Titane", elle est ici totalement sous-employée. De même pour quelques têtes récurrents du cinéma français (dont Igor Gotesman, étonnement en retrait).
A l'arrivée, "Cash" ne démérite pas néanmoins. Le film ayant suffisamment d'énergie et de maîtrise pour constituer un bon divertissement, à mi-chemin entre le film de gangster à la française et la comédie.