Si You and Me n'a rien d'infamant, il n'en reste pas moins une oeuvre mineure dans l'immense carrière de Fritz Lang, celui-ci ayant déjà été plus inspiré que pour ce film à l'enjeu limité, n'occasionnant ni une grande tension, ni de fortes émotions.
Parfois considéré comme le troisième volet d'une trilogie sociale comprenant les remarquables Fury et You Only Live Once, You and Me peut se voir comme une fable pour les anciens prisonniers repentis ou ceux prêts à devenir truands. L'oeuvre est assez légère, parfois même ironique, il mêle habilement la romance et le policier et elle fonctionne principalement grâce aux bonnes idées de Lang, tant dans l'écriture que la mise en scène.
Effectivement, de manière intelligente, il cache d'abord le passé d'Helen, pour mieux changer de direction durant le parcours de repentie que vivra Joe, il se permet même de contourner le code Hays avec des mœurs parfois guère en vigueur avec ce que voulait Hollywood. Derrière la caméra, il se montre assez efficace, n'hésitant pas à créer quelques plans expressionnistes par moment et dont l'effet fonctionne totalement à l'image des évocations de la prison.
On peut donc d'autant plus regretter l'absence d'une réelle ambition dans le scénario (que ce soit sur les ressorts humoristiques ou la tension) ainsi que d'une atmosphère vraiment prenante. A défaut d'être passionnant, le film reste divertissant, grâce au savoir faire de Lang qui réussit son dosage dans les tons et les genres, son utilisation de la jolie musique de Kurt Weil ainsi qu'à sa direction d'acteurs, ces derniers sachant se montrer convaincants, en particulier Sylvia Sidney.
Si Fritz Lang s'est déjà montré plus inspiré que pour You and Me, il propose tout de même une oeuvre efficace, avec de bonnes idées, et bien ficelée, sachant jouer à la fois sur la romance et le policier, dosant assez bien un peu d'humour et dirigeant parfaitement ses comédiens.