Les mêmes éléments si caractéristiques des « Affranchis » (1990) de Scorsese composent cet opéra sanglant qu’est « Casino » : l’ascension et la chute d’un personnage, une histoire fleuve narrée par le héros, le doublon explosif et complémentaire « De Niro – Pesci ».
« Casino » fut un échec critique et commercial. Très long, il reste néanmoins, pour beaucoup, le dernier grand film de son auteur. En fait, il s’agit surtout du dernier Scorsese d'une époque. Fin d’un cycle, avec ces (ses) acteurs fétiches, des acteurs au jeu d’une rare intensité ; le travail de « Casino » est considérable : il rend compte, avant tout de l’extraordinaire complexité du système organisationnel d’un casino. Tout est expliqué, de long en large, par le perfectionniste « Martin » : du haut de la pyramide (vieux mafiosi fortunés vachement décrépis qui doivent sentir un peu mauvais de l’haleine), jusqu’au gérant d’une salle de jeu. L’argent brassé, par millions, sa gestion, son blanchiment, l’implication de politiciens, les « filles de chambres », les crimes cachés, etc…
Le film commence par l’explosion d’une voiture. Rembobinage intégral de la K7, de l’histoire, pour comprendre comment le personnage peut-il fait l’objet d’une tentative d’assassinat. De Niro tient le rôle principal, et raconte tout : les démarches nécessaires à l’obtention de la licence officielle de gestion de son hôtel et établissement de jeu, sa rencontre avec son acolyte psychopathe. Les seconds rôles de qualité abondent : Sharon Stone trouve ici son meilleur rôle, très intense en femme alcoolique et compagne arriviste de De Niro. Autre second rôle de taille, déjà connu : Pesci, complètement dans le redite (commandée) du Sarko – caïd nerveux respecté et respectable (mais quand même sympathique malgré tous ses défauts), qu’il ne faut jamais emmerder sous peine de mort préméditée. Et James Woods, en espèce de Mac – ex petit ami de Stone.

Scorsese prend son temps, pour raconter une histoire à sa manière : il s’agit de poser le décor, de dépeindre une atmosphère tendue, malsaine de l’univers du jeu, et qui finit bien souvent par sentir la mort. Ses personnages vivent une histoire tragique, Scorsese les condamne presque : selon lui, il est difficile de survivre dans cette jungle de l’univers du jeu, et, si on n’y meurt pas, on y est enchaîné par la force des choses. Rarement la violence aura été aussi insoutenable dans l'oeuvre du cinéaste. En témoigne cette scène, où, léger euphémisme, Pesci découvre les joies du Baseball. Un tantinet trop pédago à vouloir expliquer les rouages du casino et son backstage, type « voilà comment ça se passe » …mais c’est tellement bien fait. L’une des œuvres majeures du cinéaste, à regarder tranquillement pour mieux apprécier toutes ses subtilités.
Errol 'Gardner

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8

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