https://www.youtube.com/watch?v=tvzC463P6PE
Tomber dans le Casino d'Ace, c'est comme tomber dans le monde de Jumanji.
T'es pas à ton aise, et t'es jamais certain de rester en un morceau à la sortie.
Mais quand il faut jouer, tu joues. Même si tu as toujours le choix, en vérité.
Un choix qui, au sein de ce Casino, s'éclipse dans une incroyable attractivité.
Le Casino d'Ace est une jungle parsemée de billets,
Comme le serait les feuilles d'un arbre grandissant
Des billets verts derrière lesquels peuvent se cacher,
Des serpents venimeux et des insectes envahissants.
Ces serpents, il faut les neutraliser, sinon ils ne s'arrêteront pas de piquer de la thune.
Ces insectes, il faut les écrabouiller, sinon ils ne cesseront pas de prendre du volume.
Le Casino, un endroit formidable; entendez le bruit de ces machines à sous, voyez ces gens fous venir en porsche et repartir avec rien dans les poches. Un parc à thèmes où le Diable se fait guide.
Encore plus absurde, si on m'avait dit un jour que l'argent pouvait s'tirer en vacances !
On n'sait pas avec qui, quand, où et comment, mais il fait chier à partir sans prévenir !
L'argent n'est pas un ami fidèle. L'argent veut voir du monde. L'argent saute de mains en mains. L'argent est une pute.
Mais dans tout ce foin de paroles vaines, il faut bien parler de Rothstein alias Ace. Pas le Casino. Lui, le bonhomme à qui on veut le plus grand bien ou le plus grand des malheurs, rarement l'entre-deux. Ace, à la différence de ses compères, est un cambrioleur en costard-cravate. C'est aussi un déménageur à qui on l'a fait pas. Il n'a pas de fonction fixe, il est lui, tout naturellement. Il anticipe souvent les vices, et c'est à travers ce personnage qu'on s'aperçoit le mieux du jeu de regards qui a été mis en place par Martin Scorsese, de la première minute du film jusqu'à la dernière.
Pour cette descente aux enfers, le Diable se fait guide. Je ne suis pas sataniste, mais ce film est diaboliquement cool. Ce n'est pas seulement une histoire de mise en scène, ni de simples déploiements de cartes. C'est, dans la manière dont ça se fait, un assemblage parfait entre des accroches humoristiques, des montées de violence, et des envolées musicales au service d'un propos. Et, au-delà de tout, le désir d'un réalisateur d'amorcer une bombe cinématographique pour la faire éclater au bout des trois heures intenses qui suivent. Que dis-je, trois heures qui explosent en chaine de pétards, aucun passage à vide. Trois heures pendant lesquelles se construit et se déconstruit un grand Empire.
Que vous l'ayez vu ou non, que vous le croyez ou non, c'était la fin d'un monde.