De l'intérêt de regarder cette très bonne parodie lorsqu'on apprécie "James Bond".

Profitant de l'engouement du public pour 007, Charles K. Feldman, qui avait acheté les droits du premier roman de Ian Fleming un peu par hasard, a préféré faire adapter lui-même Casino Royale plutôt qu'en revendre les droits à Satzman & Broccoli pour qu'ils puissent l'intégrer à la série "officielle". Et plutôt que faire un "James Bond" sur le mode sérieux des autres films, il a choisi d'en faire une parodie. Et dans son genre, ce film est particulièrement réussi.

On trouve les mêmes éléments que dans les "Bond" classiques, pour mieux les moquer. On retrouve également des interprètes qui avaient joué dans les trois premiers films (Ursula Andress de Dr. No en Vesper Lynd, Vladek Sheybal, le Kronsteen de Bons Baisers de Russie et Burt Kwouk, le Mr. Ling de Goldfinger – la même année on le reverra aussi dans On ne vit que 2 fois). Une pléiade d'acteurs célèbres viennent également participer à la distribution pour s'amuser un peu (William Holden, George Raft, Charles Boyer, John Huston également co-réalisateur, ou encore Peter O'Toole et même Jean-Paul Belmondo) auprès des rôles principaux (Peter Sellers, Deborah Kerr, Woody Allen, Joanna Pettet, Orson Welles, Jacqueline Bisset) et surtout de David Niven, le seul, l'unique, l'authentique James Bond ! très drôle dans son incarnation de vieil agent secret bègue des années 1930 qui s'offusque de l'évolution des mœurs, et père de Mata Bond (fille cachée qu'il a eue avec Mata Hari).

Si le film peine un peu à démarrer, il prend son envol petit à petit grâce notamment à l'ambiance pop et psychédélique des années 1960. Ce que la musique génialement délirante de Burt Bacharach peaufine tout du long. Et les décors ne sont pas en reste (la base du Dr. Noah ou l'International Mothers' Help à Berlin-Ouest). On trouve cependant quelques imperfections, notamment une séquence manquante durant laquelle Bond est censé se faire capturer par Le Chiffre à la sortie du casino. Mais comme le film est délirant, ce n'est pas si gênant. Ça fait une absurdité de plus.

Finalement, l'histoire est assez fidèle à celle de Fleming, même si elle est traitée sur le mode humoristique. Woody Allen (hilarant dans le rôle de Jimmy Bond, neveu de l'autre), bien que non crédité au générique, a participé à l'écriture du scénario, en particulier pour ses propres scènes. On retrouve d'ailleurs le style de What's New Pussycat ? que Feldman avait produit deux ans auparavant et dans lequel on suivait déjà ses aventures mouvementées aux côtés d'Ursula Andress et Peter Sellers (et Peter O'Toole, ce qui explique son cameo dans Casino Royale).

Au bout du compte, ce film est une vraie pépite de cinéma burlesque qui ne se prend jamais au sérieux. C'est très divertissant et aussi amusant de voir tous ces grands acteurs faire les andouilles avec délectation (Kerr et Welles en tête). Quant à David Niven, qui était aux yeux de Ian Fleming l'acteur idéal pour incarner son personnage à l'écran, il est toujours aussi parfait, mais sa prestation montre qu'il n'aurait pas fait un Bond crédible dans la série officielle. Ou alors, elle aurait été comique dès le début, à l'instar des films avec Roger Moore.