Les cloisons du fiel
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Marie est LE rôle qui a fait de Simone Signoret la légende qu'elle est devenue.
La majorité des gens à qui l'on pose la question sur ce qu'est leur film préféré avec l'actrice citeront le Becker.
Les titres des journaux le jour de sa disparition en sont la preuve.
A quoi cela tient ?
A la lumière qui se dégage d'elle. Elle n'est rien moins que radieuse, magnifique et heureuse.
Elle vit une histoire d'amour avec l'homme de ses rêves et le cinéma n'est plus une priorité pour elle.
Elle n'a pas vraiment tourné depuis "Manèges" occupée qu'elle est pas sa vie de femme amoureuse. Elle suit son homme en tournée et découvre l'univers du music hall.
Sachant que le rôle lui était dévolu depuis plusieurs années par son mari Yves Allégret, Jacques Becker en reprenant le projet a naturellement pensé à la jeune femme pour incarner son héroïne.
Elle commence par refuser mais son orgueil d'actrice la fait accepter.
Ce sera la première fois que le couple sera séparé mais cela aura eu pour effet de les faire passer devant Monsieur la Maire de St Paul de Vence, village près de Nice où ils se sont rencontrés. Cérémonie classe et sobre entourés de Picasso, Pagnol et Prévert avant de retourner travailler chacun de leur côté.
Au delà d'une romance classique entre une "poule" et un voyou rangé des voitures, il y a là la peinture d'une époque et d'un lieu.
Les critiques d'ailleurs souligneront l'exceptionnelle Simone Signoret : "Elle compose une femme du peuple de grande allure avec de la gouaille sans être jamais vulgaire avec à la fois du mordant et du style. La Signoret n'est pas seulement une nature, c'est une vraie grande comédienne.
La fin d'un monde, une transition...
Le film sera à la fois un échec commercial et critique retentissant à sa sortie. La touche de néoréalisme "à la française" insufflée par le réalisateur n'a pas encore sa place dans le coeur du public parisien en ce début des années 50.
Les spectateurs n'ont pas l'habitude que les héros soient des gringalets. Serge (Georges Manda) imposée par sa grande amie, portera l'échec momentané du film.
En effet, il trouvera une seconde vie grâce au bon goût (une fois n'est pas coutume) de nos amis anglais qui permettront à Jacques Becker de voir son film présenter à Venise et à Berlin et de se voir auréolé de multiples récompenses.
Cette romance entre un apache des faubourgs parisiens et cette femme au grand coeur, résonne de manière trop simple aux oreilles des gens qui ne vont ouvrir les yeux sur les qualités du film qui mélange scènes bucoliques des bords de Marne et violences urbaines. Le "peuple" singe les comportements bourgeois tout en ayant un langage des plus crus en bouche.
Inspiré de Amélie Hélie, une apache des années 1900, Casque d'or prend rapidement ses distances avec la réalité de la vie de la jeune femme pour se concentrer sur la tragédie et la pureté de cette histoire d'amour qu'il met en images avec une grande justesse.
Cette scène sublime ou les amants se promènent dans les bois qui se termine avec le visage de Marie en attente d'un baiser de Manda. S'en suit un fondu qui s'ouvre ensuite sur le lit occupé. Ils viennent de se donner l'un à l'autre, la chevelure de Marie irradie sur les draps comme un soleil de printemps symbolisant une nouvelle vie dans toute la plénitude qu'elle veut leur offrir ou qu'ils en attendent.
Le dernier plan, reprenant la scène de la Valse du début fait entrer l'amour de Marie et Manda dans les histoires mythiques.
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Créée
le 6 févr. 2015
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