"L'ultime manga live". Je n'ai pas lu le manga dont Casshern est l'adaptation, ni visionné l'anime (si il existe). Dans un univers totalitaire, en proie à la pollution, à la guerilla et aux révoltes, un chercheur isole des cellules souches humaines capables de régénérer des membres, organes etc. humains, ouvrant ainsi de grandes perspectives pour la médecine d'une population victime de la guerre et de la pollution. Par on ne sait quel truchement, les cellules en question s'assemblent pour former des corps, donnant naissance à une nouvelle forme de vie "mutante". D'abord pourchassés par leurs créateurs, certains parviennent à s'enfuir et se regroupe pour préparer leur vengeance contre l'humanité.
Voilà pour le pitch de départ (simplifié). Le background est en effet assez riche et sur cette toile de fond se mêlent plusieurs intrigues, entre lobbying industriel et tensions familiales.
L'un des problèmes du film, c'est que malgré ce background, le scénario part assez rapidement n'importe comment, les mutants survivants se réfugient dans un château qui sort d'on ne sait-où. Là-bas ils trouvent une armée de robots surpuissants qu'ils lancent à l'attaque sur la civilisation... Paie ton développement nanardesque.
Dans le même temps, un soldat tombé au front est ressuscité par son père (le savant fou), mais sa résurrection se révèle incomplète. Il doit être vêtu d'une sorte d'armure (qui rappelle les combinaisons sentaï type Power Rangers), afin d'éviter que son corps ne se décompose. Cette armure en question lui confère également un certain nombre de facultés supplémentaires: très grande vitesse, force hors du commun etc. qui lui seront bien utiles pour affronter l'armée de robots envoyée par les mutants et ainsi sauver le monde.
A cette occasion, le film met en scène des combats filmés à la manière d'un japanime: ralenti lors des coups, sur les visages ou les corps en mouvement, conférant au tout une esthétique assez particulière. L'effet est relativement bien maîtrisé, et, s'il confère un style et une identité fortes au film, ce n'est pas franchement réussi. Malgré certains plans réussis, les poses, les zooms et les mouvements sont trop souvent à la limite du ridicule...et même parfois au delà.
La réalisation typée japanime s'étend d'ailleurs à la majeure partie du films. Les acteurs multiplient les poses, et la réalisation les plans larges sur les décors parfois oniriques, et souvent steampunks. Le film passe par ailleurs par de multiples ambiances différentes, en usant et abusant de filtres graphiques et de fonds verts. Ici encore, l'effet recherché est de donner un cachet japanime au film, mais le tout est loin d'être réussi et maîtrisé tout le long du film. Certains passages sont de vraies réussites, parfois sobres ou spectaculaires, alors que d'autres sont complètement ratés avec des couleurs criardes, une lumière envahissante ou trop saturée. L'abus d'effet spéciaux est particulièrement nuisible, d'une part parce qu'ils ne sont pas tous réussis, et aussi parce qu'ils sont mal intégrés au film et présentent un contraste trop violent (même si sans doute voulu) avec les séquences qui en sont dépourvues.
On retrouve ce même contraste dans le choix des musiques. Les passages de dialogue ou de narration servant à développer l'intrigue sont accompagnés de musiques très bien choisies et intégrées, alors que les scènes plus tournées vers l'action sont accompagnées de rock ou de musique électronique de seconde zone qui cassent complètement l'ambiance et le rythme instaurés initialement.
Le film aborde un certain nombre de thèmes: celui de la guerre, de la religion, des relations entre les membres d'une même famille... Et tous ne sont pas traités avec la même réussite. Le traitement de la guerre est d'ailleurs assez risible, avec une morale éculée: "la guerre c'est pas bien". Alors que le dernier cité est bien mieux abordé, et donne lieu au passage à la meilleure séquence du film, le final, beaucoup plus sobre que le reste.
Dans l'ensemble, le film est un pari audacieux, en grande partie manqué. Bien que certains passages soient de vraies réussites, ils côtoient bien trop souvent des séquences grotesques complètement ratées.