Des choses gentilles à dire sur ce film :
Si Stuart Gordon est surtout connu pour ses incursions dans l’univers lovecraftien, c’est pour une bonne raison. Loin de proposer une adaptation littérale des textes, le réalisateur de Re-animator et Dagon les digère, les assimile, se les approprie, leur ajoutant un petit aspect frontal pas piqué des hannetons, pour rendre à l’écran du Lovecraft qui n’est pas du Lovecraft ou du non-Lovecraft indubitablement lovecraftien. Le plus souvent du moins.
Ce n’est pas évident avec Castle Freak. Souvent présenté comme une adaptation (très libre) de Je suis d’ailleurs dans lequel l’auteur de Providence faisait du « monstre » le narrateur de la nouvelle, le film de Stuart Gordon n’en conserve que, peu ou prou, la scène du miroir... S’il réussit toutefois à garder le tragique et le sel de l’ensemble, Stuart Gordon va aussi bien puiser du côté de Poe côté littérature (Poe et Lovecraft partagent du reste quelques similarités) que du giallo côté cinéma. Sur ce point d’ailleurs, le film va paradoxalement bénéficier de son manque de moyens... En résulte une image sale et terne qui enveloppe le film d’une atmosphère particulièrement poisseuse et malsaine, aussi bien lors des scènes de jour, éblouissantes (dont fait partie justement la scène du miroir) que les scènes de nuit ou souterraines qui constituent un bel écrin pour la créature du film.
Le « monstre », un homme qui depuis l’enfance n’a connu que son cachot, la torture et les privations est situé à mi-chemin entre la représentation classico-naïve toute en chaînes et en draps (une manière de rappeler que derrière l’appétit et l’appétit sexuel du personnage il y a un enfant) et une certaine crudité, son entrejambe mutilé aperçu fugacement reste bien imprimé sur la rétine, par exemple. De la même manière, le côté maladroit des agressions sexuelles auxquelles se livre le personnage, à coups de dents le plus souvent, accentue sa dimension tragique. Gordon ne fait jamais de refus d’obstacle ; c’est très frontal, c’est très marquant.
Pas exempt de défauts (quelques baisses de régime et une interprétation inégale) voire un peu frustrant (ah si Gordon avait eu un peu plus de moyens), Castle Freak reste une petite bisserie très sympathique.
Voir les 28 ingrédients du bingo des clichés de ce film
https://www.incredulosvultus.top/castle-freak
Personnage > Agissement
Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » - Signe de croix épileptique - Bagarre | Pète une bouteille contre un coin de table pour s’en faire une arme - Bagarre | Coup dans les couilles (ouch !) - Mort | Meurt dans les bras d’un autre personnage - Se regarde dans un miroir | Mutation, dégénération ou détérioration - Surpris.e par une main amie posée sur son épaule
Personnage > Caractéristique
Hanté·e par des souvenirs traumatisants - Maladie | Alcoolique - Vie personnelle | Problèmes familiaux/de couple
Réalisation
Technique | Pluie artificielle artificielle
Réalisation > Accessoire et compagnie
Tension | Chat dans le noir qui surprend
Réalisation > Audio
Bruit générique | Chouette ou hibou - Bruit générique | Verre cassé
Réalisation > Surprise !
Enlevé·e par une bestiole depuis le plafond
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Ronflements
Scénario > Contexte spatio-temporel
Début d’orage au moment opportun
Scénario > Élément
Gifle de femme outrée - Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Ficelle scénaristique
A hérité d’un château / d’une vieille maison - Cauchemar | Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut - La personne qui sait la vérité n’est crue par personne - Vieille légende, racontar, fait divers transmise à un moment ou à un autre...
Scénario > Situation
Trop injuste | Victime ou témoin pas cru·e (par la police)
Thème > N’importe quoi
Carton-pâte | Le regard des personnages ne porte pas au-delà du champ de la caméra - Trop con·ne | Ces gens font des trucs complètement con
Thème > Rejets, moqueries ou discriminations
Prostitué·e
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Objectification sexuelle | Nichons, fesses
---
Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais