Après nous avoir psychologiquement retourné le mois dernier avec Mister Babadook de Jennifer Kent, les salles de cinéma françaises nous offrent un nouveau film d’épouvante (tout ce qu’il y a de plus tendance en ce moment), un film found-footage. En mai dernier, The Baby avait à nouveau lamentablement échoué pour tenter de donner un semblant de légitimité au found-footage. Bâclé, grotesque et sans une once d’originalité, le film sonnait la lassitude la plus totale du genre et cette manière de filmer trouve désormais de moins en moins d’adeptes. Mais il est encore possible de se tourner vers le Direct-To-Vidéo pour dénicher quelques bonnes pépites de genre, que ce soit Grave Encounters ou les deux volets V/H/S. L’annonce d’un film de genre sur les catacombes de Paris, qui plus est tourné dans la capitale française avait de quoi susciter une certaine curiosité. La promotion du film a d’ailleurs entièrement joué sur ce point, puisque l’affiche y montre la Tour Eiffel retournée sur un fond rouge, tandis qu’on ne nous la montrera jamais dans le film. Un cliché cinématographique en moins, mais pas sûr que cela ne sauve le film.
Un film d’épouvante tourné dans les catacombes parisiennes, n’est-ce-pas audacieux ? Pas vraiment. En 2007, un Direct-To-Vidéo déjà intitulé Catacombes était déjà sorti et voyait la chanteuse Pink (!!!) se faire trucider dans ces mêmes catacombes parisiennes. Avec le même concept que Hostel, le film n’a même pas bénéficié du soutien de son distributeur Lionsgate qui l’a directement proposé en DVD, prédisant les mauvaises critiques et l’échec financier en salles. Juste décision tant le film a été massacré par les rares critiques l’ayant vu. Et pourtant, le film des frères Dowdle (John Erik le réalisateur, et Drew le scénariste) reprend deux trois idées de l’intrigue de ce Catacombes 2007, mais se montre un peu plus ambitieux (et généreux ?) et nous offre un récit à la croisée de Indiana Jones, le grotesque Chroniques de Tchernobyl et le film The Descent pour certaines séquences claustrophobes. De l’Indiana Jones ou plus vidéoludiquement, du Lara Croft, tant le personnage principal s’avère être une femme aventurière, forte et autoritaire prête à tout pour découvrir la pierre philosophale. Avouez qu’il y a là une vraie intrigue pour la plus célèbre des icônes du jeu vidéo. Pour innover par rapport au Catacombes de 2007 et rester dans l’air du temps, le réalisateur adapte son récit au format found-footage, ce principe de la caméra subjective qu’il emploie depuis maintenant quatre films (la réadaptation américaine de [REC], En Quarantaine, le huis-clos démoniaque d’ascenseur Devil et le plus apprécié des quatre, The Poughkeepsie Tapes). Un réalisateur qui joue entièrement sur le huit-clos, le format sale de l’image et qui en tire donc un budget littéralement insignifiant tant les moyens disposés à l’écran s’avère minimes.
Là où le film s’avère intéressant, c’est qu’il incorpore une vraie dimension d’exploration et d’aventure à son récit par le biais d’une quête pour la pierre philosophale. Il y a une vraie exploitation du sujet, qui ne tient pas la route sur le long mais qui s’avère suffisamment intéressante pour qu’on y croit au moins quatre-vingt-dix minutes. Catacombes a le mérite d’avoir été véritablement tourné dans les sous-sols parisiens et son authenticité tient la route tant le réalisateur se plaît à filmer ces petits détails qui nous montre bien que le tout se passe en France. Malheureusement, ce n’est pas ça qui fait l’essence d’un film et Catacombes retombe vite sur ses pattes. La faute à un manque cruel de rythme. La quête pour la pierre philosophale se dévoile à merveille sous nos yeux, mais quand est-ce qu’on est censé à minima s’effrayer ou sentir l’adrénaline monter ? Il faut attendre les vingt-trente dernières minutes pour voir la pression monter et l’intrigue se plier en quatre pour nous offrir un semblant d’effroi.
L’ensemble des séquences supposément effrayantes sont balancées à l’écran sans une once de subtilité, tout juste devine-t-on que le Royaume des Enfers dans laquelle se situe désormais l’intrigue permet de revivre des troubles psychologiques survenus dans le monde réel pour certains des explorateurs. Tout devient alors prévisible et le film ne devient plus qu’un long et interminable Grand-Huit, dont on attend impatiemment la fin. Fin qui par ailleurs semble tout-droit sortie d’un conte pour enfant. A côté de ça, les acteurs se démènent pour que l’on croit à leurs jeux, à l’histoire, au film en général. Mais quand tant de clichés s’affichent à l’écran, même les acteurs ne peuvent plus rien pour sauver le film. Et c’est dommage car Perdita Weeks (The Invisible Woman avec Ralph Fiennes) et Ben Feldman (Cloverfield, Vendredi 13 (2009)) s’en sortent plutôt bien et certains seront ravis de voir un Frenchy à l’écran, Papillon interprété par François Civil (Fonzy, Elles, Une Pure Affaire).
Catacombes est donc un autre Direct-To-Vidéo qui n’aurait jamais dû trouver le chemin de nos salles, hormis l’aspect « I Love Paris » qui aurait pu satisfaire nos esprits chauvins. Il rejoint la longue liste des films found-footage foirés où se croisent Chroniques de Tchernobyl, les derniers Paranormal Activity ou le récent The Baby. Catacombes est juste un film plat, sans audace et sans intensité comme on en voit à la pelle dans les petites rubriques de Mad Movies. C’est tellement frustrant de voir des films présentés comme phénomènes bénéficiant d’une sortie en salles, alors que de véritables trouvailles de genre se battent pour exister. Heureusement qu’il reste les festivals pour tenter de frissonner un minimum, notamment celui de Strasbourg dont nous allons vous parler très prochainement.
A retrouver également sur le site CineSeries-mag.fr.