Le problème des films militants, c'est qu'il y a tellement de bonnes raisons non artistiques d'aller les voir qu'on peut entendre des échos très favorables sur certains d'entre eux alors qu'ils sont assez mauvais. Prenons Catastroika, par exemple. Le propos est impeccable, la démonstration est implacable, l'analyse est rigoureuse et on a même droit à une petite touche un peu appuyée de didactisme trotskyste à la fin (de fait, le film a été fait par des militant-e-s ou sympathisant-e-s d'Antarsya, une coalition d'extrême-gauche grecque). Mais comme tout ceci est ennuyeux ! On se retrouve vite accablé sous une avalanche de considérations techniques inassimilables et redondantes ; le film dissèque méthodiquement la question de la privatisation de rail en Grande-Bretagne, de l'eau à Paris, de l'électricité en Californie, en fuyant perpétuellement son sujet et en faisant toujours mille détours pour en arriver à la Grèce. Tout ceci devient vite assez pénible. Alors bon, 5 étoiles quand même, parce que c'est sans doute un film utile au sens où on en ressort plus savant et mieux armé qu'on y était entré, et aussi parce que c'est bien filmé et qu'il y a assez souvent de jolis plans. Mais je n'ai pas envie d'aller plus loin que ça dans l'indulgence militante pour les films de gauche.