Un bouche à oreille désastreux a escorté ces chats tout droit sortis de l'imagination d'Andrew Lloyd Weber... Cette comédie musicale a fait un triomphe dans les planches, de Broadway à West End, en passant par certaines capitales occidentales (surtout anglophones)... Tant et si bien que la tentation d'une adaptation au cinéma s'est faite pressante dès la fin des années 80...
Tom Hopper s'y est collé en 2019, soit 30 ans plus tard. C'est pourtant un spécialiste. Il a adapté à l'écran Les Misérables, cette cacophonie déjà ennuyeuse au all-star cast, mais qui a réuni des millions de spectateurs devant les écrans et récolté pléthore de nominations aux prix de fin d'année en 2012 et trois Oscars, dont un pour Fantine/Anne Hathaway... Même s'il a signé Danish girl, mon Hopper préféré reste tout de même The Damned United, un des meilleurs films sur le football jamais réalisés (je sais, je sais, Coup de tête est également excellent... Et A mort l'arbitre, de Mocky, aussi...)
Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos chats ! Dès la première image, le film part en sucette et la purge s'annonce. L'anthropomorphisme est à littéralement chier dans la litière... Judi Dench, Idriss Elba, Rebel Wilson, Ian McKellen, Taylor Swift et autres Jason Derulo cabotinent à fond (un comble pour des chats...) pour oublier leurs tristes accoutrements et l'absence de mise en scène. La séquence d'ouverture, qui donne le ton, est répétée plus loin dans le film, pour entériner le manque d'imagination du réalisateur... Les effets spéciaux ont beaucoup fait parler d'eux, en mal évidemment, tant est si bien que la rumeur court (et la rumeur a raison), qu'ils ont été retouchés une fois le film en exploitation. Pour ma part, je n'ai pas vu d'aussi mauvais SFX dans une comédie musicale depuis The Wiz, de Sidney Lumet (1978 !!!), adaptation à la sauce Tamla/Motown avec un Michael Jackson déguisé en épouvantail et une "Dirty Diana" Ross en Dorothy (soit dit en passant, ce film est un de mes plaisirs coupables...). Je ne retiens que Francesca Hayward, dont le jeu de comédienne est digne des pires performances de François François (pour ceux qui se souviennent de cette parodie comique de Claude François interprétée par Albert Algoud dans Nulle part ailleurs), mais qui a été jetée sans autre forme de procès au casse-pipe, alors que son talent de danseuse étoile méritait mieux. Je lui accorderai bien une seconde chance. Toutes ces tares font de Cats un animal blessé, dont on oubliera aisément les numéros chantés (vraiment nuls), mais qu'on aurait presque envie de prendre en pitié et d'adopter en se disant que le temps lui permettra de se faire apprécier.
Il paraît qu'il faut avoir pratique la fumette ou la consommation de champignons hallucinogènes pour saisir le sens profond de Cats... Je n'irai jamais jusqu'à cette extrémité... Mais j'avoue que faire partie des 52000 spectateurs français (vous avez dit bide retentissant ?) qui ont vu ce film au cinéma jusqu'au bout est un exploit qui me rend assez fier et me range dans la catégorie des amoureux des animaux battus... Le temps va-t-il faire son oeuvre et faire de Cats un film culte ? Ce serait vraiment prendre le temps pour un imbécile !!!