Raoul Ruiz choisit la Suisse, généralement peu portée à l'extravagance, pour raconter ce qu'il convient d'appeler une histoire de fous. La rencontre entre Livia, gentille illuminée et le dénommé Pointpoirot (!), dangereux dément, débouche sur une farce macabre et loufoque, laquelle n'est d'ailleurs pas déterminée uniquement par l'état mental du couple formé par Bernard Giraudeau et Elsa Zylberstein. La réalisation de Ruiz joue résolument la carte de l'étrangeté et de l'absurde, où l'ensemble des protagonistes se signale par des attitudes et comportements drôlatiques, irrationnels.
Ainsi, tandis qu'un certain Harald (M.PIccoli) ourdit un indigne plan criminel pour capter l'héritage de sa fille Livia, tandis que l'oisive police locale (Jean-Luc Bideau en commissaire) estime qu'il est bon de ne rien faire et le fait très bien, l'évadé de l'asile Pointpoirot
assassine
candidement. Dans ces conditions, l'hécatombe relève moins de la pure comédie que d'un humour très noir, un peu inquiétant, peut-être parce que les actes de ce fou dangereux que joue Giraudeau ne sont pas complètement irréalistes.
"Ce jour-là" est, par sa nature, ses personnages, son paysage provincial propret, une intrigue "chabrolienne" revue et corrigée par un cinéaste facétieux et espiègle. Son histoire bizarre manque un peu de fond mais pas de personnalité.