Des années 30 aux sixties,la vie tumultueuse de Younès,un Algérien pris dans la tourmente de l'Histoire.Fils d'un paysan ruiné par les manoeuvres du cheikh local qui convoitait ses terres,sa famille part à Oran,où son père sombre dans l'alcoolisme.Recueilli par son oncle pharmacien,le gamin est emmené par sa nouvelle famille dans la petite ville de Rio Salado,un départ forcé car tonton,sympathisant du FLN,est dans le collimateur des autorités françaises.C'est là que l'enfant,rebaptisé Jonas,va grandir au sein de cette communauté essentiellement d'origine espagnole.Avec ses amis Fabrice,Simon et Jean-Christophe,il va être confronté aux tensions grandissantes entre arabes et pieds-noirs,puis à la guerre d'indépendance,tout en vivant une histoire d'amour impossible avec la belle Emilie.Alexandre Arcady,le ci-devant réalisateur,producteur et coscénariste du film,paraissait être,en tant que pied-noir,le cinéaste le plus indiqué pour adapter à l'écran le foisonnant best-seller de l'écrivain algérien Yasmina Khadra.On pouvait espérer qu'en retrouvant le cadre géographique et narratif de ses premiers films,comme "Le coup de sirocco" ou "Le grand carnaval",il en retrouverait aussi l'énergie et l'inspiration.Hélas le patron d'Alexandre Films est rincé depuis longtemps et si cette trop longue épopée de 2 heures 40 est un peu supérieure aux désolantes comédies qu'il tourne depuis quelques temps,il échoue largement à retranscrire cette page d'Histoire mâtinée de romance niaise.Rien ne fonctionne vraiment ici,et les défauts habituels du cinéaste,manque de finesse,goût de l'ostensible et du démonstratif,morale hypotendue,ressortent de manière évidente.La reconstitution d'époque est cossue mais trop appliquée,on s'attend à tout moment à voir surgir dans le champ de la caméra un collectionneur de véhicule ancien venu bichonner la bagnole qu'il a louée à la production,tandis que les figurants sont à côté de leurs pompes et regardent faux,bougent faux et marchent faux.La très ample temporalité du récit est aléatoirement gérée et les ellipses déconcertantes abondent.Quant aux évolutions des personnages,elles sont décrites sans aucune subtilité.La partie relatant l'enfance de Younès est trop longue et plutôt ennuyeuse,et les protagonistes deviennent too much par la suite,d'autant que la vraie-fausse love story plombe gravement la narration.Bref,Arcady et son coauteur de toujours Daniel Saint-Hamont patinent dans une gamelle de couscous trop grande pour eux.Comble de malheur,le héros du film,Jonas,est énervant au possible.Mutique,mou comme une chique,indécis,il observe les évènements placidement et subit sa vie sans réagir.Il se laisse même imposer les diktats de la mère d'Emilie qui lui intime l'ordre,on ne sait trop pourquoi d'ailleurs,de renoncer à sa fille.Et le neuneu de s'exécuter,tout ça pour éviter qu'elle ne révèle à la jeune fille qu'il a baisé sa maman,ce qui n'est arrivé qu'une seule fois alors qu'il ignorait le lien de parenté des deux femmes!Pour le reste,on assiste à un festival de caricatures censées représenter les diverses tendances et opinions traversant la population algérienne d'alors.Si Jonas reste en retrait,ses potes sont plus engagés.Fabrice,le semi intello, devient une sorte de journaliste gaucho,opposé à la violence mais favorable à l'indépendance.Jean-Christophe,la brute épaisse,est au contraire à fond Algérie française,OAS et compagnie,et s'engage dans l'armée.Simon,le gros juif marrant et goinfre,se veut apolitique,ce qui ne lui réussira pas.Jelloul,le jeune arabe humilié et brutalisé par son patron Dédé,le fils dégénéré du puissant viticulteur Rucillio,deviendra un combattant du FLN.Tout ceci est raconté à coups de dialogues lourdement explicatifs et de situations grotesques par des acteurs surjouant comme des chimpanzés en rut.La guerre sera plus ou moins esquivée,ainsi que le départ précipité des colons.Quelques jolies scènes surnagent cependant,notamment celle où Rucillio contemple ses vignes,qu'il s'apprête à incendier,en disant à Jonas que quand son grand-père,venant d'Espagne,était arrivé là,il n'y avait rien,que c'est sa famille qui a valorisé cette terre qu'il est contraint d'abandonner.Beau moment d'émotion également à la fin,quand Jonas,redevenu Younès,se recueille dans un cimetière provençal où le rejoint de manière impromptue un Jean-Christophe avec qui il avait coupé les ponts.Deux vieillards balayés par le vent de l'Histoire,qui font mesurer la vanité de toute chose,car au fond rien n'a d'importance après coup.La distribution est très disparate,avec en première ligne le beau gosse Fu'ad Aït Aattou,un mannequin fade et inexpressif.Nicolas Giraud est transparent,tandis que Matthias Van Khache,Olivier Barthélémy et Matthieu Boujenah chargent comme des débiles.Les filles sont mieux,avec une magnifique Nora Arnezeder,dont on ne comprend pas comment le héros peut la repousser,et une excellente Marine Vacth,malheureusement sous-employée.Belle performance aussi de Salim Kechiouche,qu'on avait déjà vu très bon dans le "Mektoub,My love" de Kechiche.Du côté des anciens c'est mieux avec un Vincent Perez formidable en vigneron dominant la région,une Anne Parillaud détestable à souhait en mante religieuse et mère indigne,l'humoriste Mohamed Fellag extrêmement touchant en oncle dévoué et empathique formant un atypique couple mixte avec une Française incarnée par la toujours impeccable Anne Consigny.Les vieux Jean-François Poron et Jacques Frantz sont extraordinaires dans l'émouvante scène du cimetière,et des comédiens de talent apparaissent ça et là,tels l'indispensable Moussa Maaskri,l'acteur fétiche d'Arcady Jean-Claude De Goros,la belle blonde Jeanne Bournaud ou l'autoritaire Stefan Godin.Notes et critiques de films d'Alexandre Arcady publiées précédemment:"Tu peux garder un secret?"-1,"Mariage mixte"-2.Moyenne:2.

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le 14 sept. 2024

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