Voici donc une proposition tout autant intellectuelle qu'artistique.
Comment vit-on sa vie d'homme et sa vie d'artiste quand on se retrouve interdit d'exercer son métier, sa passion ? Voilà l'une des nombreuses questions auxquelles ce "film qui n'en est pas un" se propose de répondre. Jafar Panahi, cinéaste mondialement reconnu, se retrouve donc privé de tourner, et même d'écrire des scénarios, par une décision de justice, et donc par une décision politique.
Plutôt que de pleurer sur son sort, Panahi se bat et contourne la sanction par un triple salto arrière. Comme un énorme pied de nez à la censure de son pays, ce n'est pas un mais deux films que ce gros malin propose ici. Le film, le contenant, et le film dans le film, le contenu. Le second ne verra probablement jamais le jour, et c'est à une véritable discussion philosophique qu'il serait nécessaire de se livrer pour estimer si oui ou non le premier en est véritablement un. D'où la question centrale qui restera sans réponse définitive : qu'est-ce qu'un film ?
Mais ne nous y trompons pas, contrairement à ce que pourrait laisser penser ma digression, ici point de prise de tête, ce film, oui c'en est un, et même un grand, est un pur exercice ludique, plein de fraîcheur, de sourire, de rire. Le rire comme défense ultime devant l'ennemi, cet ennemi qui voudrait empêcher les artistes de parler, et donc les hommes de vivre.
Plus l'accouchement est douloureux, plus le résultat de celui-ci est libérateur. Comme un geste libérateur et surtout vital.
Non Jafar, vous n'êtes pas seul !!!!!