Silence sous surveillance : l’art de résister avec une caméra

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un film qui m’a profondément marqué : Ceci n’est pas un film, réalisé en 2011 par Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb. C’est une œuvre que je note à 9.5 sur 10, tant elle m’a touché par sa force, sa simplicité et son engagement.

Ce film, ou plutôt ce "non-film", comme le titre le suggère, est né dans des conditions très particulières. À ce moment-là, Panahi est assigné à résidence par le régime iranien et interdit de filmer. Il décide alors de retourner la contrainte contre elle-même : il allume une caméra chez lui et commence à documenter son quotidien, ses pensées, ses frustrations… et surtout, son envie irrépressible de cinéma.

On est donc enfermés avec lui, dans son appartement. Et c’est là que le film devient fort : dans ce huis clos, tout devient signifiant. Une porte qui s’ouvre, un appel téléphonique, la visite d’un voisin... Chaque geste, chaque parole devient un acte de résistance.

Ce que j’ai trouvé particulièrement fort, c’est la manière dont le film questionne ce qu’est vraiment le cinéma. Est-ce qu’un film a besoin d’acteurs ? D’un tournage ? D’une équipe ? Pas forcément. Panahi nous montre qu’il suffit d’un regard, d’une caméra, et surtout d’un besoin vital de s’exprimer.

C’est un film extrêmement personnel, presque intime. Panahi ne joue pas. Il doute, il raconte, il mime même le film qu’il aurait voulu faire. Et cette subjectivité assumée, très sincère, est ce qui rend l’œuvre aussi touchante. On sent que ce n’est pas juste un témoignage politique, c’est aussi une quête existentielle, un combat intérieur.

Alors, pourquoi 9.5 et pas 10 ? Simplement parce que je pense que le film peut parfois manquer d’accessibilité pour un public qui ne connaît pas le contexte politique iranien ou l’œuvre de Panahi. Mais c’est une limite mineure par rapport à tout ce que le film réussit à transmettre.

En conclusion, Ceci n’est pas un film est, paradoxalement, l’un des films les plus puissants de ces dernières années. C’est une œuvre sobre, mais nécessaire. Une leçon de cinéma, de courage, et d’humanité.