Avec Headhunters, Morten Tyldum signe un thriller nerveux et intelligent, qui parvient à conjuguer tension dramatique, satire sociale et efficacité narrative. Si je lui attribue la note de 8.5/10, c’est parce qu’il m’a profondément marqué par son rythme soutenu, son audace scénaristique et la complexité de son personnage principal.
Roger Brown, chasseur de têtes respecté le jour, voleur d’œuvres d’art la nuit, incarne l’archétype de l’antihéros moderne : miné par l’insécurité, mais redoutablement habile. À travers lui, le film explore les thématiques de l’identité, de la peur de l’échec et des apparences sociales. La bascule narrative — lorsque le chasseur devient proie — est menée avec une grande maîtrise, maintenant une tension constante sans jamais perdre en clarté.
La réalisation, sobre et efficace, accompagne parfaitement la montée en intensité du récit. Tyldum évite le spectaculaire gratuit au profit d’une atmosphère froide et resserrée, qui renforce le sentiment d’étouffement du personnage principal. L’humour noir, discret mais bien dosé, vient alléger certaines scènes sans altérer la gravité de l’ensemble.
Malgré quelques facilités scénaristiques et un traitement secondaire des personnages féminins, Headhunters s’impose comme un thriller solide, original et parfaitement rythmé. Il interpelle autant qu’il divertit, et laisse une impression durable. Une œuvre tendue et intelligente, qui mérite d’être redécouverte.