Le froid, ça piquotte et ça réveille
Ok, le titre est une peu aisé pour un film norvégien. Ok, je l'accorde, le titre est vraiment mauvais. Ok, on pourra me dire que ce 8 est tout aussi abusé pour ce qui demeure un thriller qui ne va pas révolutionner le genre et marquer d'une pierre blanche l'histoire du cinoche.
Oui mais voilà, Headhunters est un sacré bon film. Au-delà du plaisir délectable de sortir des canons hollywoodiens, cette œuvre fourmille de talent. Talent des acteurs pour commencer : Nikolaj Coster-Waldau est le seul que je connaissais, surtout grâce à son rôle génial de Jaime Lannister dans la série Game of Thrones. Il est ici parfait, mais le Danemark nous a appris depuis un certain temps que ce petit pays par la taille, était une véritable pépinière de talents à tous les niveaux. Mais que dire du rôle titre tenu par Aksel Hennie ? Un illustre inconnu, une vrai gueule, un pur talent.
Un casting sonnant juste, ça commençait bien. Mais le meilleur est à venir.
La Norvège, froide et austère. Le portrait d'une société reposant sur l'appât du gain comme clé de voûte d'une vie réussie. Une approche éculée, assez magistralement démontée par la suite. Bande-son parfaite, photo pas dégueux du tout, techniquement, là aussi, une belle trouvaille que ce film nordique. Mais le meilleur est à venir.
Ce film est un petit bijoux d'écriture. La déchéance, le retournement, le suspense, on devine, on subodore, on trouve, on se plante. Le scénario nous prend dans ses bras chaleureux, nous accompagne confortablement dans notre canapé jusqu'à l'accélération finale.
Ce film est jouissif ; l'histoire qui démonte notre société autocentrée sur nous-même et une certaine idée de la réussite, le rythme, certaines scènes pleines de clin d'oeil (je ne dis rien pour laisser le plaisir de le découvrir), ça transpire un humour latent et incisif, c'est violent sans être gratuit, ça pourrait nous balancer des nichons gratuits ben non, on ne vise pas la facilité.
Un essai ô combien réussi, un véritable honneur au genre du thriller.
Oui, je m'enflamme, mais j'ai pris mon pied alors que je m'attendais à être simplement diverti.
Une pépite.