La mort de Cécile, évoquée par le titre, n'est pas le point de départ de l'intrigue de Simenon mais en est un des multiples incidents. On se prend au jeu de cette mystérieuse énigme, tant le récit de Maurice Tourneur est rythmé et efficace. Surtout, les personnages qui sont mis en scène sont amusants (au point qu'ils orientent le polar, malgré quelque meurtres sordides, vers la comédie policière) et, de surcroît, sont les figures populaires et parisiennes qu'on a plaisir à rencontrer dans le cinéma français de la période.
Autour d'un Maigret-Albert Préjean cassant et acerbe, les seconds rôles sont de vrais emplois de qualité. Gabriello, en adjoint bafouillant et amateur de botanique, ou Jean Brochard, en notable crapuleux, encadrent avec talent le rôle principal.
Au-delà, on est surpris par la liberté de ton du film. Ainsi, une allusion au moeurs d'un concierge ou encore un personnage d'adolescente nymphomane introduisent une impertinence inattendue. On a certes peu de chance de découvrir ici, par soi-même, l'assassin et son mobile mais le caractère ludique du récit suffit nettement au divertissement. Albert Préjean compose un policier énergique et parfois insolent, un Maigret peut-être plus moderne que certaines incarnations futures...