Il y a de tout parmi les films produits par la Continental pendant l'Occupation : du très bon ("L'assassin habite au 21", "le corbeau", "la ferme aux loups", ...) jusqu'au très mauvais ou au bâclé. Peut-être le manque de moyens mais je n'en suis même pas convaincu.
Il y a de tout dans la filmographie de Maurice Tourneur : du très bon (Sanson, Volpone, ...) jusqu'au mauvais.
J'ai le regret de penser que "Cécile est morte" fait partie des ratages et de Tourneur et de la Continental.
D'abord le casting où le commissaire Maigret est interprété par un Albert Préjean séduisant, dandy très Parisien, voire drôle. Presque un génie de la déduction qui peut se passer de tout le monde (en somme, en exagérant beaucoup, une sorte d'Hercule Poirot parisien et brillant). En plus tout le monde le chambre voire même lui fait des blagues : clairement, une hérésie.
Si j'adore qu'on adapte un roman au cinéma pour de multiples raisons, c'est à la condition (essentielle pour moi) que je retrouve l'esprit du livre, que le film me renvoie une image qui soit le reflet de ce que l'auteur a voulu nous transmettre.
Or le commissaire Maigret, le vrai, est un paysan (pas parisien pour deux sous), lourd et massif, lent, qui écoute beaucoup et parle peu, qui prend son temps, qui ne donne pas vraiment envie de chambrer. Autour du personnage de Maigret flotte toujours une atmosphère lourde, comme la fumée de sa pipe ou comme les demis enfilés dans un bistrot minable au bord d'un canal.
Déjà, là, il y a erreur tragique. Tourneur a fait un film policier autour du roman de Simenon "Cécile est morte" mais ce n'est pas un "Maigret".
Voyons donc l'affaire sous cet angle "film policier sans Maigret". Mais ça ne colle pas non plus. Cette fois, c'est la réalisation qui est peu avenante et qui aligne les scènes sans génie. Le voyage à la Rochelle en voiture puis en tandem puis à moto en est un parfait exemple. Il y avait de l'idée mais la mise en scène et les dialogues n'ont pas du tout suivi.
Même la réunion des maquereaux avec Maigret dans un bistrot tombe à plat.
Reste l'interprétation de quelques acteurs qui tirent leur épingle du jeu : Blavette dans son numéro de Marseillais à Paris, assez amusant ou encore Germaine Kerjean en mégère acariâtre qui cache bien son jeu est plutôt réussie.
Gabriello en inspecteur Lucas s'efforce de donner l'impression du bon vivant mais sa diction le rend quasi incompréhensible. Il y avait pourtant de l'idée avec le personnage féru de botanique. Mal exploité.
Tout ceci fait bien peu pour rattraper l'ensemble du film. Dommage.