Allez voir la version restaurée de ce film choral des années 70, issu de l'imagination d'un joyeux collectif dont Jacques Rivette qui osait la co-création avec ses quatres pétulantes actrices, Juliet Berto, M-F Pisier, Bulle Ogier, Dominique Labourier.
Ça a donné kek'chose de bien "traumate", à partir de la défonce au bonbon vert.

Ça permet l'explosion des codes de la domination masculine (convoquée au ridicule, à être des "maquereaux cosmiques" ou "à aller se branler dans les roses"), mais aussi la démonte de l'esthétique bourgeoise et de ses couples et familles naphtalisés, emmurés dans un univers à la Rouletabille au mieux ou à la Henry James grinçant et sombre.
La bobine va mettre trois heures pour se dévider mais avec une dimension jubilatoire que la patine du temps rends plus profonde sous l'angle du cheminement des stéréotypes féministes depuis 1973.
Qui plus est dans le Montmartre de cette époque et de ses rues presque encore champêtres. Et de ses taxis sans chauffeur visible roulant en R12 à la proto-Uber.
Intact le sentiment de subversion du côté de ses jeunes femmes déterminées à ne pas se laisser compter.

Irrésistible le coup de maître de la broderie autour de la liaison déliaison à double entrée, celui de l'onirisme loufoque où surfent avec féerie les deux Céline et Julie, âmes soeurs ou amourettes ou cousines ou encore... face à la déréliction du modèle réaliste. Modèle illustré par la lente descente dans la névrose de cette famille fermée sur elle même ( l'homme endeuillé que joue à minima Barbet Shroeder, cerclé de ses deux amantes vénéneuses, la brune M-France et la blonde Bulle, tournoyant autour de la petite fille destinée à succomber à leur jalousie mortifère).
La corde du tragi-comique de répétition sera usée jusqu'à crispette...
L'esbrouffe finale des deux amazones (qui clament à tout va, "œil de lynx et tête de bois") se clôturera en embarquée sur la Marne lumineuse et émancipatrice avant que de revenir au square du début (du rêve!).

Goguengris
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le 25 juil. 2016

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