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Ok, c'est fini. Je n'en peux plus. C'est le troisième film que je vois du monsieur, et je parviens à la triste conclusion que je n'aime pas du tout son cinéma. C'est comme ça, pas grave. J'ai été curieux, j'ai fini les films sans m'endormir (ce qui n'a pas toujours été facile), mais je n'y arrive pas.


Le premier que j'avais vu était Oncle Boonmee, que je n'avais pas vraiment aimé, mais je pense que j'étais assez déçu par la promesse que le titre semblait donner. Je trouvais l'idée de suivre un personnage se souvenant de ses vies antérieures superbe, mais c'est avant tout un film "d'ambiance", et concrètement, l'histoire, on s'en fiche un peu. Du coup, l'oncle Boonmee qui allait mourir, bah je m'en battais les couilles. Tout comme les personnages du film, d'ailleurs, c'est l'avantage de croire en une autre réalité. Mais du coup, qu'en était-il de l'ambiance ? Bah en fait, ça allait, c'était même très beau par moment. S'il y avait bien une chose que j'aimais beaucoup, c'était le lien à la spiritualité. Il n'y a pas vraiment de frontière entre le monde concret et spirituel, les humains voient ça comme quelque chose de normal, et ça marche parce qu'ils sont en pleine nature. Bon, par contre je suis très mitigé sur le costume et maquillage de singe d'un des acteurs. Ok, je veux bien avoir l'esprit ouvert mais quand on voit sa silhouette mystique avec ses yeux rouges qui brillent, et puis qu'on passe à ça quand on le voit en pleine lumière, ça la fout mal. Je voulais pas voir César de la planète des singes, mais quand même.


J'ai continué avec Tropical Malady, qui se divise en deux parties. La première est une romance incroyablement inintéressante, mais genre vraiment, je la trouve absolument horrible. Je suis peut-être ethnocentré et cynique, mais les deux personnages n'ont l'air absolument aucune alchimie, vraiment, ça pourrait être un père et son fils ça marcherait dans absolument 90% des scènes (sauf quand ils se tripotent, faut pas déconner). Vraiment, ça ne donne pas envie d'être amoureux, ce qui est parfait en cette période de confinement. La deuxième partie, en revanche, j'avais beaucoup aimé. Weerasethakul abandonnait l'étrange idée de raconter une histoire pour se focaliser sur quelque chose de beaucoup plus sensoriel, avec un des deux amants qui va chercher l'autre en forêt. Cette seconde partie est extrêmement puissante, et on a droit à des moments absolument magnifiques alliant le monde spirituel et le monde concret. Bref, ça c'était super, et ça me donnait de l'espoir pour un troisième film du réalisateur.


J'ai donc enchaîné avec Cemetery of splendour, non pas par choix, mais parce qu'il avait la qualité d'être disponible à 1€ sur Universciné. Et puis, j'ai un éclaireur qui lui a mis 8 et un autre qui lui a mis 2, donc forcément ça attise la curiosité. Après visionnage, je me situe clairement du côté de ce dernier. Ça a été un calvaire. Mon dieu. En fait, je trouve qu'on perd la seule chose à laquelle je suis vraiment sensible dans le cinéma (dont je n'ai vu que très peu, j'en ai conscience) de Weerasethakul. Le lien avec le monde spirituel disparaît très vite de l'intrigue, et c'est vraiment dommage. Ça commençait pourtant bien, avec cette étrange maladie plongeant les soldats dans un sommeil profond, ainsi que l'apparition de déesses... Mais c'est très vite délaissé au profit de longs dialogues filmés en plans fixes. L'explication à la maladie est très vite donnée, effaçant une bonne partie du mystère de l'intrigue. Du coup, il reste d'interminables dizaines de minutes de dialogues en plans fixes, avec quelques trucs beaux visuellement évidemment. La photographie est parfois sublime, comme dans les deux autres films. Le coup de l'école transformée en hôpital est bonne. Mais non, rien n'y fait, je n'aime pas voir des personnages qui ne font jamais aucun effort pour être attachants, que je vois en permanence à 10 mètres, discuter de choses inintéressantes. Et puisque j'ai l'impression que tout le monde s'accorde à dire qu'il n'y a pas d'intrigue à proprement parler et que tout ne doit pas être expliqué, je n'ai pas l'impression d'être passé à côté d'un truc.


Donc j'abandonne. A moins que, par curiosité un peu masochiste, je me penche sur ses formats plus courts, ou que j'entende parler d'un film uniquement sensoriel, un peu comme la seconde partie de Tropical Malady. Sinon, au revoir, le cinéma d'Apichatpong Weerasethakul. Nous n'étions pas faits l'un pour l'autre, et franchement, je ne te regretterai pas.

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le 9 avr. 2020

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