Le sommeil d'or
Cemetery of Splendour s’inscrit dans la prolongation de l’œuvre de Weerasethakul. Continuité thématique, on y parle encore de maladie, d’hôpitaux, de croyances religieuses, de confrontation...
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le 31 mai 2015
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Un hôpital de fortune est dressé dans une ancienne école. Une ancienne élève, avec un genre de pied-bot, revient la visiter et par la même fait la connaissance d'un des nombreux soldats atteints d'une étrange maladie du sommeil. Une relation d'amitié va s'instaurer …
Alors que l'ennui m'avait gagné lors de la vision d'Oncle Boonmee, ce dernier opus en salle du plus fameux réalisateur thaïlandais dans nos vertes contrées m'a plutôt fasciné.
Il s'agit plus d'une contemplation méditative que d'un film et d'ailleurs, un personnage invite un groupe d'infirmières à méditer dans le premier tiers du film. La méditation y est envisagée tel un soin. Ce qui se vérifie dans la vie, surtout avec les dernières études menées autour de Mathieu Ricard ou son utilisation par le professeur Bloch, rhumatologue, dans un hôpital parisien.
Il est à noter également que le scénario est tiré d'un fait réel qui a eu lieu en 2012 en Thaïlande où quarante soldats avaient été mis en isolement à cause d'une maladie mystérieuse.
On retrouve ici les thèmes d'Oncle Boonmee : il y également une personne qui se rappelle de ses vies antérieurs, des plans de la nature et ce petit bruit d'animal au fond de la forêt se fait aussi entendre. Il reprend aussi les thèmes et l'utilisation des plans de Syndromes and a Century, notamment l'étude sur le souvenir.
Globalement l'histoire suit une personne malade qui s'occupe d'autres malades ou plutôt une personne endormie au sens spirituel et figuratif qui s'occupe d'autre personnes endormies au sens littéral. Il y a un apprentissage à ouvrir les yeux, à s'ouvrir, à ouvrir notre vision véritable et par là, à se soigner.
Pour exemple, vers la fin, les deux personnages principaux féminins marchent à travers un palais qui n'est plus présent que dans l'esprit d'un tiers, un homme, un des soldat endormis qui parle par la bouche d'une médium. A la fin de la ballade, la médium exécute une étrange gestuelle thérapeutique. Il y a là un apprentissage mystique, une corrélation entre l'énergie, les rêves et les souvenirs. Les gens sont des ponts spirituels, parfois physiques, parfois oniriques.
On y parle aussi avec des déesses. Rien que cela. Mais dans cet univers, cela paraît on ne peut plus naturel.
Attention tout de même au rythme du film. Il colle au propos méditatif et curatif du film qui semble nous dire : "guérir prend du temps". Certes. Pourtant certaines personnes pourront trouver le déroulement de ces non-aventures, soporifique voire carrément ennuyeux. Le rythme est endolori, le regard du réalisateur est vigilant, il produit parfois de très beaux plans comme ceux des escalators, mais vous êtes prévenus : tout ceci est fort langoureux. Ce n'est pas supportable pour tout le monde. D'ailleurs le personnage central conseille au soldat réveillé qui s'endort de temps en temps à cause de sa maladie de prendre plus de café. Mise en abîme de la part du réalisateur ?
Tous ces éléments font que ce long métrage est plus universel, plus transversal et transcendantal que les deux autres réalisations du même auteur citées plus haut et particulièrement si on le compare à Oncle Boonmee, qui restait obstinément dans sa coquille. D'ailleurs il s'agit ici d'une coproduction de plusieurs pays européens, américaine et évidemment thaïlandaise. Du coup, il est plus accessible, particulièrement aux occidentaux.
Un bon point aussi pour la musique à la fin du film.
Un beau moment de respiration et de compassion.
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le 15 sept. 2015
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