C’est le 2e film d’animation espagnol, le 1er étant « Garbancito de la Mancha » (1945), également en couleurs, d’Arturo Moreno (1909-1993) et qui exaltait les valeurs franquistes tandis que le 2e a été produit, non pas à Madrid mais à Barcelone. Bien que remarqué à la 11e Mostra de Venise, le film est un peu tombé dans l’oubli car il devait s’appeler, à l’origine, « Cendrillon » mais les studios Disney ont exigé le retrait du titre pour en avoir l’exclusivité pour leur film sorti la même année. Les copies étaient rares et, comme elles étaient en nitrate de cellulose hautement inflammable, elles n’étaient plus projetées (interdiction de projection en France à partir de 1961). Le film (initialement en couleurs et en 35 mm) a été restauré entre 2014 et 2022 (8 ans de travail) par la Cinémathèque de Barcelone à partir d’une copie 16 mm en noir et blanc et de documents publicitaires en couleurs relatifs au film. Josep Escobar (1908-1994) a effectué 1 an et demi de prison pour raisons politiques à la fin de la guerre civile espagnole tandis que Alexandre Ciri Pellicer (1914-1983) est historien de l’art. Le film est l’adaptation de « Cendrillon ou la petite pantoufle de verre » (1697) de Charles PERRAULT (1628-1703), tout en sachant qu’il s’agit d’un conte type (d'où le titre espagnol, « il était une fois ») et qui a été repris, un peu différemment, par les frères GRIMM, Jacob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859) dans « Aschenputtel ». Auparavant, il y a eu 2 courts métrages d’animation, l’un en 1922, de l’Allemande Lotte Reiniger (1899-1981), connue pour avoir réalisé l’un des premiers longs métrages d’animation avec « Les aventures du prince Ahmed » (1926) et « Cinderella » (1922), réputé disparu et réalisé par Walt Disney (1901-1966) lui-même, pour le studio Laugh-o-Gram, avant son départ pour Hollywood. Le 16e long métrage et 12e Classique d’animation Disney, « Cendrillon » (« Cinderella ») (1950) de Clyde Geronimi (1901-1989), Hamilton Liske (1903-1968) et Wilfred Jackson (1906-1988), n’avait rien à redouter du film espagnol (il a obtenu le prix spécial du jury à la Mostra de Venise (1950) et l’Ours d’or du meilleur film musical à la Berlinale 1951), car son concurrent hispanique (transposé au château d’Aubanell, avec Cendrillon rousse aux yeux bleus, avec des costumes évoquant le XVe s) est moins beau graphiquement, d’une grande mièvrerie, sans poésie, ni originalité (musique et chanson de Cendrillon terriblement désuètes) et a très mal vieilli. Il est même trop long (1h15 pourtant) en raison de scènes gratuites, telles celles de danse, couples en sabots ou hommes déguisés en cheval, en prises réelles et celles animées, avec l’apprentissage des bonnes manières à la cour du comte par les 2 filles de la marâtre ou les 2 chevaux dansant le menuet et le French-Cancan après avoir pris un breuvage hallucinatoire. Seul subsiste son intérêt historique (2e film d’animation espagnol, restauration du format 35 mn non utilisable). Un humour à la Tex Avery (1908-1980) aurait pu le sauver (que l’on retrouve une seule fois, avec la dissociation de l’ombre d’un des 5 fantômes qui errent dans le château mais la scène est trop longue). On pouvait s’attendre aussi à une double lecture, vu le profil « progressiste » des réalisateurs : même pas !