A la veille du XXème siècle, Méliès réalise Cendrillon. Ou du moins, sa première version de Cendrillon. Pour l'époque, avec ses 5 minutes 40, on est pas loin du long métrage. Il faut dire que Méliès va tout faire pour offrir un film intéressant voir même grandiloquent. Nous avons une vingtaine de scènes différentes (sous forme de tableau), des décors magnifiques (trompe l'oeil, présent dans le célèbre Studio A), une foule d'acteurs et surtout une des œuvres les plus psychédélique (ho le vilain anachronisme) de l'époque pour Méliès.
Sous prétexte de l'aspect magique de l'histoire, Méliès en rajoute avec les meubles qui s'agitent eux-même, l'heure qui est sans cesse rappeler à Cendrillon. Il y a un côté spectaculaire, démentielle. Et les effets spéciaux sont si présents qu'on a tendance à oublier qu'on est en 1899 et que chacun d'entre eux est déjà la preuve du génie de Méliès. Celui-ci en profite pour travailler les fondus enchainés comme mode de transition, là encore une technique nouvelle dont la complexité a tendance à être omise.
Avec sa grandeur, son génie et son esthétisme, Cendrillon apparaît comme un de plus grands long-court-métrage de la fin du XIXème siècle (en même temps, y a pas foule en terme de concurrence). Un succès incroyable, révolutionnaire dont la seule tache, de mon point de vue, est la scène de danse à la fin, bien gratuite à mon avis, qui ramène un côté "théâtre", certes, propres à l'époque, mais qui dénature quelque peu la beauté de tout ce qu'il y avait au préalable.
Méliès est un magicien, et le fait de s'être marié avec la bonne fée est une preuve supplémentaire.