Après avoir dépoussiéré le mythe de La Belle au Bois Dormant en 2014, les Studios Disney nous offrent un an plus tard une nouvelle réadaptation en images réelles tirée d'un autre de leurs grands films de princesses: Cendrillon.
Mais contrairement à Alice au Pays des Merveilles et Maléfique, ce nouveau film ne cherchera pas à poursuivre une aventure déjà connue ou à la modifier, cela sera une redécouverte très fidèle au film d'animation de 1950. Rien de très tentant au départ.
Du moins, jusqu'à ce que le nom du réalisateur soit révélé. C'est en effet Kenneth Branagh qui est choisi par Walt Disney Pictures pour apporter son talent de metteur en scène et de conteur à cette nouvelle adaptation. Le réalisateur d'Hamlet et d'Henri V vivant une période à vide depuis quelques années avec des commandes peu appréciées des critiques et du public, il n'est pas étonnant de le voir à la direction d'un film Disney. D'autant qu'il fût plus ou moins rapproché de la boîte aux grandes oreilles en présentant en 2011 son adaptation de Thor pour Marvel Studios.
Mais contrairement à ses deux dernières réalisations que sont Thor et The Ryan Initiative, Branagh est ici bien plus à l'aise avec son sujet. Clairement dans son élément, le metteur en scène de Beaucoup de Bruit pour Rien propose un film à l'ancienne très vieux jeu et surprenant dans son ton, voire justement un peu trop surprenant.
Cendrillon n'a jamais la prétention de vouloir se montrer moderne contrairement à ce que la promotion nous a fait croire. Nous avons là un conte de fées kitschissime à souhait qui risque d'ailleurs de perdre plus d'un spectateur par sa vision old school.
La première partie du film donne le ton. S'ouvrant sur une introduction très bon enfant, on est assez surpris de la direction générale du long-métrage qui choisit une ambiance très légère, voire niaise. Cela offre autant de scènes intéressantes que de moments presque gênants.
À ce sentiment premièrement mitigé, viennent s'ajouter une narratrice sur-utilisée qui n'apporte rien à l'histoire et des séquences qui s'enchaînent un peu trop rapidement une fois que la rencontre entre Cendrillon et le Prince a lieu.
Les bonnes idées sont là, exploitant davantage le passé de Cendrillon par rapport au dessin animé, et marchent la moitié du temps mais ça ne fonctionne pas totalement, l'écriture étant encore perfectible. Et l'humour, même en le sachant vieux jeu, est assez lourd.
Puis vient la deuxième partie. Et d'un seul coup, le film se réveille. La réécriture de la Bonne Fée est discutable (le personnage n'étant qu'une parodie d'Helena Bonham Carter) mais c'est son arrivée qui amène les deux instants tant attendus: La préparation pour le Bal et le Bal lui-même.
Pendant plus de 20 minutes, Kenneth Branagh nous emporte avec lui dans un émerveillement total. La direction artistique est tout simplement fabuleuse, la photo magnifique, le travail sur les décors et les costumes remarquables et que dire des compositions enchanteresses de Patrick Doyle.
Nous sommes plongés dans un vrai conte de fées, nous retrouvons ce que nous aimons appeler la Magie Disney.
La suite du récit suivra plus ou moins la même voie que celle du dessin animé mais en rajoutant une sous-intrigue sur fond politique bienvenue qui rafraîchit l'ensemble.
Il faut admettre qu'après avoir, si je peux le dire, vécu l'expérience de la scène du Bal, les défauts d'écriture et de narration paraissent bien peu importants par rapport à la magie qui se dégage de l'oeuvre.
Et puis, l'air de rien, tout ce beau monde nous est sympathique. Excepté Helena Bonham Carter qui fait du Helena Bonham Carter, le casting est irréprochable. Tout le monde s'amuse et le duo formé par Lily James et Richard Madden se montre vraiment attachant. Les deux interprètes sont parfaits dans leurs rôles et leur romance est bien plus crédible que dans le film de 1950. On notera également une amélioration sur le personnage de Lady Tremain qui gagne en profondeur et dont la performance de Cate Blanchett rend tout à fait honneur à la méchante.
Bizarrement, les Studios Disney ne semblaient pas attendre grand chose du résultat commercial de Cendrillon. À croire qu'eux-mêmes avaient compris que cette politique des réadaptations lasserait les gens (au point de devoir rajouter La Reine des Neiges - Une Fête Givrée en court-métrage précédant le film, utilisé ici comme pur outil marketing). Mais le succès a été au rendez-vous sans qu'on ne sache pourquoi. Si en France, le public semble assez mitigé, la réception américaine a été très positive et a amené le film à dépasser les 200 millions de $ sur le territoire nord-américain. Et ce, sans la 3D.
Tel est le paradoxe total des réadaptations Live. Les gens sont les premiers à gueuler sur l'annonce des projets mais ils se pressent d'aller les voir au cinéma une fois sortis en salles. Le public est-il trop attaché aux Classiques de leur enfance ou alors ressent-il le besoin de leur vomir dessus? Mystère.
Mais ce Cendrillon version 2015 rassure au moins sur une chose. Avec un bon réalisateur à la barre et un minimum de libertés laissé par les studios, on peut arriver à quelque chose de bon.
Cela est rassurant pour la prochaine collaboration entre Kenneth Branagh et les Studios Disney qui devraient si tout va bien se charger de l'adaptation de la série littéraire à succès, Artemis Fowl.